An 17 du Joola : Leçons non retenues

Le 26 septembre 2002, le Sénégal se réveillait dans la stupeur et l’effroi. Le bateau Le Joola venait de faire naufrage aux larges des côtes de la Gambie. Selon les chiffres officiels, 1863 personnes avaient perdu la vie dans cette catastrophe maritime considérée comme étant la plus grande de l’histoire, avec seules 64 personnes rescapées. En ce jour anniversaire, il convient d’avoir une pensée pieuse pour les disparus.

Seulement, ce qu’il convient de regretter et de déplorer, est le fait qu’aucune leçon n’ait été retenue après ce drame. Pourtant, au lendemain de cette catastrophe, le Président Abdoulaye Wade, face aux parents des victimes venus manifester leur colère devant les grilles du palais, avait tenu un discours ferme, qui rompait d’avec la langue de bois. Ainsi, avait-il fait preuve de courage et de grandeur en reconnaissant que l’État était le premier responsable de cette tragédie. Aussi, avait-il promis qu’une enquête serait diligentée et les responsabilités situées. Il avait, en outre, invité les Sénégalais à faire leur introspection, pour que plus jamais pareille chose ne se reproduise.

Mais 17 ans après, le triste constat est que tout cela n’était qu’un discours soporifique destiné à apaiser la clameur. Les coupables courent toujours, les sanctions annoncées en grande pompe n’ont été que de la poudre aux yeux, le combat contre l’indiscipline, un vœu pieu. Ce qui, du reste, est regrettable parce que l’État qui était le premier responsable de cette catastrophe, dans la mesure où le navire était sous la responsabilité de la marine nationale, avait l’impérieux devoir de sévir, de prendre des mesures draconiennes contre le laxisme, l’indiscipline.

Aussi, fallait-il impérativement aller en croisade contre l’impunité – et les populations endeuillées étaient prêtes à tous les sacrifices – se servant de ce malheur pour prétexte à rééduquer le peuple, assainir les mentalités et mettre le pays sur de bons rails. Il est communément admis que les pays les plus stables ont bâti leur stabilité sur un compromis, suite à un événement douloureux. Pour preuve, les pays qui ont subi des conflits ou des catastrophes ont fini par faire du sang versé par leur compatriotes un facteur unificateur pour ne pas dire un symbole. Donc, il fallait faire en sorte que la mort tragique de ces milliers de personnes ne soit pas vaine ; que la mémoire des naufragés soit bien préservée ; qu’elle nous serve de ligne de conduite dans la vie de tous les jours ; qu’elle nous inspire d’autant que les victimes, en général, reposent dans un cimetière commun : un symbole très fort du reste.

Malheureusement, tel n’a pas été le cas ; et ce qui est frustrant, encore une fois, est le fait qu’aucune leçon n’ait été retenue de cette catastrophe. Il faut battre le fer, a-t-on coutume de dire. Dommage, le fer s’est refroidi et la vie continue, rythmée par le laxisme et l’indiscipline. Les mêmes comportements qui ont conduit au naufrage du Joola sont toujours d’actualité. Les accidents de la route, plus meurtriers les uns les autres, ne se comptent plus et se succèdent à un rythme effréné ; de même que les pirogues qui chavirent. Et celle qui a coulé récemment au large des îles de la Madeleine, sous l’effet de la surcharge emportant 4 vies humaines montre encore une fois que le problème reste entier.

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