L’ancien député, Mamadou Bamba Ndiaye, n’a pas manqué d’émettre son avis sur la situation politique actuelle du Mali. Par ailleurs, il s’est aussi adressé aux Sénégalais qui remettraient toujours en cause l’existence de la maladie.
Par Bineta BÂ
L’ancien député, en l’occurrence Mamadou Bamba Ndiaye, ne manque jamais de donner son avis sur des sujets d’actualité. C’est dans ce contexte que l’ancien parlementaire s’intéresse à ce qui se passe au Mali voisin. «Bala nga nè Nam, né fa» autrement dit, «avant de répondre présent, il faut y être d’abord». Cet admirable proverbe, partagé par le wolof et le latin, prend un sens particulier dans la conjoncture actuelle du Sénégal, déterminée par la pandémie mondiale du covid-19 et par l’instabilité de la sous-région ouest-africaine. Le proverbe existe aussi certainement en Mandinka et en pulaar pour dire en quelque sorte, «vivre d’abord, philosopher après».
Mais, cela n’a pas empêché l’organisation de la manifestation monstre du vendredi 4 juin dernier, à l’issue de laquelle des milliers de Maliens ont lancé au Président élu, Ibrahima Boubacar Kéïta, un ultimatum pour qu’il quitte le pouvoir.
Mamadou Ndiaye de soutenir qu’à travers ces évènements, on peut comprendre facilement la colère de ces Maliens, surtout après les conditions proprement scandaleuses d’élection de la nouvelle Assemblée nationale. Mais il faut remarquer quand même que ces personnes, rassemblées à la Place de l’indépendance de Bamako, ne portaient pas de masque, sans parler du respect de la distanciation physique. La démission d’IBK serait-elle plus importante que la prévention de la maladie ? «Protester d’abord, se protéger après ?», s’interroge-t-il avant de poursuivre : «Le plus probable est qu’une bonne partie de la population malienne ne croit pas à la gravité du covid-19. Au Sénégal aussi, en dépit des efforts de communication consentis par les personnels de santé, cette incertitude persiste. La pandémie, entretenue par des cas communautaires souvent non détectés, n’est-elle pas exagérée par les pouvoirs en place, dans le but d’accabler la population, ou pire, de s’enrichir ? Cette méfiance, que j’ai personnellement entendue ces derniers jours de la bouche d’un ingénieur, d’un maître coranique et d’un marchand ambulant, est beaucoup plus répandue qu’on ne le croit. Il faudrait alors relativiser la portée des «sondages» qui font penser le contraire».
Analysant la situation au Sénégal, l’ancien député pense que les manifestations de chauffeurs de la semaine dernière expriment également cette suspicion. À en croire toujours Mamadou Bamba Ndiaye, la réaction suivante inquiète : «Pourquoi nous fatigue-t-on alors qu’il n’y a rien ?», s’est-on plaint un peu partout, d’après lui. Sans «complotisme» aucun, il faut relever que cette défiance est alimentée par une vigoureuse campagne négationniste menée dans les médias et sur les réseaux sociaux par des personnalités parfois improbables.
Selon toujours M. Mamadou Bamba Ndiaye, «les uns veulent sûrement minimiser la prime politique que le pouvoir en place tire forcément d’une crise sanitaire, plaçant au second rang les lourds contentieux politiques en cours. Les autres espèrent peut-être qu’un échec de la gestion politique de la crise jetterait les masses d’électeurs dans leurs bras lors des prochaines échéances. D’autres encore jouent simplement aux apprentis-sorciers ou aux maîtres-chanteurs».
Le secrétaire général du Mps-Selal estime qu’il est vrai qu’une minorité d’inconscients peut se révéler beaucoup plus opérante, par son impact sur la propagation du virus, que la majorité qui tente de l’endiguer en respectant les gestes-barrières. Mais si la pandémie gagne la bataille, elle sera le seul vainqueur. Seront alors également perdants les gouvernants comme les opposants, les non-alignés, les indifférents ou les réfractaires. Si elle est vaincue, tous seront proportionnellement gagnants.