Membre de la Convergence des cadres républicains, Djibril Bâ décrypte la nomination de Moussa Sy au Port autonome de Dakar. Elle découle, à ses yeux, d’une crise de leadership du parti présidentiel au niveau local.
Par Mohamed NDJIM
La nomination de Moussa Sy comme président du Conseil d’qdministration du Port qutonome de Dakar n’est-elle pas une prime au reniement ?
En tant que militants de la première heure et cadres du parti, nous ne pouvons que comprendre cette décision du président de la République de confier des responsabilités à des hommes politiques comme Moussa Sy qui sont venus l’accompagner. Je voudrais faire remarquer que le maire Moussa Sy a contribué activement sur le terrain à la réélection du président de la République en 2019 en mobilisant son électorat. Je rappelle que deux ministres de la République aux Parcelles assainies, en l’occurrence le ministre d’État Mbaye Ndiaye et le ministre Amadou Bâ, avaient publiquement prié le maire Moussa Sy de rejoindre la mouvance présidentielle. À mon avis cela constitue un aveu d’échec de ces ministres qui portent le leadership de l’Apr au niveau des Parcelles assainies.
Pourquoi dites-vous que c’est un aveu d’échec ?
Parce que le poste de ministre est un poste éminemment politique. Si aujourd’hui le président de la République vous choisit pour coordonner les activités d’un parti au niveau d’une banlieue, au niveau d’un vivier électoral aussi important que les Parcelles assainies, il y a un travail politique qui doit être fait dans le sens de renforcer le leadership local. Aujourd’hui, il était du devoir de ces hauts responsables de ce parti de former les jeunes, d’encadrer les femmes et de faire la promotion des cadres au niveau de l’appareil étatique. En politique, c’est extrêmement important d’avoir un leader qui tire la masse vers le haut. Le ministre d’État Mbaye Ndiaye était dépositaire de la confiance du chef de l’État pour animer le parti et le massifier. Lors des élections locales de 2014, il avait clamé sur tous les toits qu’il battrait Moussa Sy. Un an plus tard, après plusieurs remous aux Parcelles et un début de scission, le président de la République a jugé utile de confier à Amadou Bâ la responsabilité de coordonner les activités du parti. On s’est rendu compte, au final, que ce dernier gérait en vase clos la coordination ; ce qui a créé un découragement certain à la base. Lors de la dernière élection présidentielle, des responsables, des cadres du parti engagés avaient été écartés du comité électoral qu’Amadou Bâ avait laissé à Moussa Sy la latitude de constituer.
Sur quelles bases faudrait-il configurer la coordination de l’Apr aux Parcelles assainies ?
Aujourd’hui nous estimons que le renouvellement de l’élite politique s’impose au niveau des Parcelles assainies. Le président de la République a la latitude de nommer aux emplois civils et militaires tout Sénégalais qu’il estime pouvoir contribuer efficacement à l’ambition qu’il a de faire du Sénégal un pays émergent. Nous estimons cependant qu’il est temps aujourd’hui que nous soyons mieux outillés à la base. Nous appelons donc au renouvellement de l’élite, nous appelons à l’émergence d’un nouveau leadership aux Parcelles assainies.