Khalifa Ababacar Dieye expose « City King » jusqu’au 18 février prochain à la galerie Ourrouss sise aux Almadies. Natif de Saint-Louis, ce plasticien autodidacte s’est installé à Dakar pour davantage donner corps à son art. Il se prédestinait plutôt à la musique, mais la peinture l’a rattrapé au hasard d‘une rencontre avec son mentor burkinabé. « Je suis né à Saint-Louis. C’est là où j’ai fait tout mon cursus, coranique, scolaire… j’ai même fréquenté la rue. En 2019 j’ai eu la chance de rencontrer un très grand artiste burkinabé, Seydou Emmanuel Koté dit Rkoté Damba, qui devait exposer à l’Institut Français de Saint-Louis. Dieu a fait qu’on est devenu amis, c’est lui qui m’a initié à la peinture que je ne connaissais pas. Je pensais que j’allais être un musicien parce que j’aimais beaucoup la musique. J’avais même une guitare. J’accompagnais tout le temps les artistes. Après mon initiation avec cet artiste burkinabé j’ai décidé de tenter l’aventure pour venir ici à Dakar. J’avais amené mes premiers dessins que j’avais réussis et que j’avais commencé à vendre à Saint-Louis » se remémore l’artiste qui signe ses toiles Khalifa Général.
Présent lors du vernissage de l’exposition « City King » où il a dévoilé la collection intitulée « Tankounéne », Khalifa Général porte à travers ses œuvres un plaidoyer pour plus de justice sociale. Malgré une enfance difficile, il garde une tonalité optimiste et porte la cause des couches défavorisées. « Je suis issu d’une famille qui n’a pas assez de moyens, j’ai traversé le divorce de mes parents à l’âge de huit ans. Tout cela m’a forgé à Saint-Louis et toutes ces étapes viennent se refléter sur mes œuvres. Je m’inspire beaucoup de la rue, toute ma formation, mes difficultés je les ai traversées dans la rue et c’est énormément de chose qui m’ont forgé, j’ai réussi à globaliser toutes ces étapes pour les mettre dans une exposition pour retracer mon parcours qui est très urbain. J’essaie de m’exprimer à travers ce don que Dieu m’a donné qui est la peinture pour dire qu’en croyant en vos rêves vous pouvez sortir des ghettos, des endroits le plus durs pour atteindre vos objectifs, rester debout sur vos deux pieds » souligne Khalifa Général.
Pop art, néo expressionnisme, modernisme…
Adepte du néo expressionnisme, du pop art, ou encore du modernisme contemporain, l’artiste représente souvent des personnages unijambistes sur ses toiles pour symboliser une société instable. « Je suis un artiste polyvalent avec un alliage de styles. Je fais des portraits, de l’abstrait de l’art figuratif contemporain aussi. Ma principale inspiration ce sont les masques africains. La politique j’en parle, l’endroit où je vis, l’environnement de Dakar, les banlieues surtout, les difficultés que rencontrent les bas échelons de la société. Je me penche sur les difficultés que vivent les populations, l’Afrique la mal gouvernance, la façon dont est géré notre patrimoine… » souligne-t-il.
Malgré ce sombre tableau de la société, Khalifa Général garde une bonne dose d’optimiste et de foi en l’avenir, notamment en ce qui concerne la suite de sa carrière. Il ne manque pas, par ailleurs, de se placer dans une dynamique d’échange et de transmission avec les jeunes. « Je n’en suis qu’au début mas j’ai déjà parcouru beaucoup de choses. Mon souhait serait d’avoir un grand succès et de parcourir le monde, atteindre les plus hauts niveaux. Je suis très polyvalent et très curieux. Le don est là. La facilité est là. Je peux créer des chefs d’œuvre que les gens vont apprécier. C’est cela qui m’amène à exposer aujourd’hui à exposer jusqu’au 18 février à la Galerie Ourrouss des tableaux que j’ai travaillés en l’espace de six mois. J’invite tout le monde à venir regarder, échanger avec l’artiste pour mieux comprendre son univers. Ça peut aussi être une source d’inspiration pour tous les jeunes qui décident de se lancer dans la peinture. On est très ouvert pour ça » laisse entendre Khalifa Général.