“Faidherbe doit tomber” : “Ils nous promettent la prison si…”

La jeunesse sénégalaise actuelle se retrouve, au vrai sens du terme, à la même époque qu’à l’ère des indépendances au début des années 60. En effet, une même lutte est enclenchée en ce moment et porte sur la revendication de remplacer des statues et de débaptiser des rues à connotation coloniale. Dans cette optique, la jeunesse de Saint Louis plaide pour faire tomber la statue de Faidherbe. Elle a tenu à organiser un point de presse, mais les animateurs se sont retrouvés en garde à vue pendant 6h de temps.

 

Par Bineta BÂ

 

Les jeunes de l’ancienne capitale du Sénégal, prennent la présence de la statue de Faidherbe comme une insulte. Selon eux, cette statue de Faidherbe ne symbolise rien d’autre qu’une honte pour toute l’Afrique et une insulte notoire à la mémoire de nos dignes ancêtres qui, sans eux, on serait toujours sous la domination des occidentaux.

Ce collectif n’apprécie point cette phrase inscrite sur le tronc de la statue et qui dit que “le Sénégal est reconnaissant envers Faidherbe”.

Ils estiment que ce qui se passe actuellement n’est rien d’autre que le travail de perpétuation de la mémoire coloniale par nos dirigeants traîtres qui ont trahi l’Afrique avant même d’accéder au pouvoir. Poursuivant leur plaidoirie, les jeunes de Saint Louis de dire que nos dirigeants croient que c’est la France qui les a installés dans nos fauteuils présidentielle, donc s’ils sont élus “Présidents”, c’est grâce à la France ; d’où l’importance de satisfaire les besoins des blancs et non ceux de leur peuple. Parce que,  disent-ils, ils ne peuvent pas concevoir en quoi notre cher Sénégal devrait être reconnaissant envers un criminel aux mains tachées de sang tel que ce général Faidherbe qui a tué plus de 20.000 de nos compatriotes, Sénégalais, y compris des maîtres coraniques, en moins de 8 mois, violé nos femmes, brûlé le Fatick en 1859 et combattu les sérères et les peulhs sous sa gouvernance, de 1854 jusqu’à 1865.

Cependant, reconnaissent-ils, ce combat n’est pas chose aisée, à les en croire. Le Collectif de préciser : «C’est pourquoi, le samedi 20 juin 2020 à 17h, en voulant tenir un point pour dénoncer la présence de la statue, le commissariat d’arrondissement du point Nord de Saint Louis, nous avait interpellé et mis en garde en vue pendant presque 6h de temps sans aucun motif valable. Leur objectif était clair : premièrement de nous empêcher à notre point de presse et deuxièmement pour nous intimider, car ils nous promis la prison si nous n’abandonnons pas le combat que nous sommes en train de mener…».

Revenant sur les objectifs du point de presse, ils disent vouloir annoncer le déboulonnement de la statue qui ne symbolise que la honte et une insulte à la mémoire de nos dignes ancêtres, mais aussi, dire à nos dirigeants d’engager leur entière responsabilité, car ils n’accepterons plus jamais de revoir la statue revenir sur les lieux : «nous sommes prêts à tout pour le respect de la mémoire de nos prédécesseurs qui se sont battus corps et âme pour faire de notre cher Sénégal et l’Afrique ce qu’ils sont aujourd’hui. Mais aussi, exhorter les autorités, avec un engagement et une détermination ferme, de rebaptiser le pont Faidherbe ainsi que toutes nos rues et avenues qui portent toujours le nom des colons, ici à Saint Louis comme à Dakar et dans toute l’étendue du territoire sénégalais».

Le Collectif ne lâche pas prise et annonce qu’au-delà de ce point de presse «nous avons décidé de déposer, dès demain lundi 22 juin, à la première heure, des lettres de protestation et de revendications dont une adressée au Gouverneur de Saint Louis, une autre au Préfet et une autre au Maire de la ville de Saint Louis, rien que pour les informer de notre révolte et de nos légitimes revendications.»

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