La négligence coupable de l’État face au pénurie de médecins

Aujourd’hui, nombre d’hôpitaux du pays sont confrontés à un manque criard de médecins spécialistes. Pourtant, il y en a foison, seulement cette pénurie incombe à l’État qui refuse systématiquement de recruter les médecins Internes des hôpitaux à la fin de leur formation, selon des informations glanées par Tribune. Chose d’autant plus incompréhensible que l’État dépense plus d’un milliard de francs pour leur prise en charge durant leur formation qui dure cinq ans avant de les envoyer au chômage une fois leur formation terminée, nous informe-t-on.

Une incohérence qui ne se justifie point. Parce qu’un concours d’Internat est organisé de façon régulière au mois de décembre de chaque année. Ainsi, le premier janvier débute la formation des admis à ce prestigieux concours organisé par le ministère de la Santé. Lequel concours concerne le recrutement de 25 à 40 médecins, 10 à 15 pharmaciens et 5 à 10 psychiatres. Chaque Interne recruté est affecté dans un hôpital de son choix, il est logé, nourri, blanchi par l’hôpital. Il dispose aussi d’un matricule de solde et reçoit des émoluments mensuels, un minimum de 300 mille francs lui est alloué. Ce qui fait que pour les 5 ans de la formation, l’État dépense plus d’un milliard, si l’on se fie au fait que pour les 40 médecins, c’est 12 millions par mois, soit 144 millions l’année et 720 millions pour les 5 ans que dure la formation. Pour ce qui concerne les pharmaciens, c’est 4 millions 500 mille francs par mois ; ce qui fait un total annuel de 54 millions et 270 millions pour les 5 ans. Pour ce qui concerne les 10 psychiatres, c’est la somme de 3 millions par mois, 36 millions l’année et 180 millions pour les 5 ans. Le total cumulé fait donc 1 milliard 170 millions pour les 5 ans de chaque promotion, révèle la source de Tribune.

Mais, ce qui est incompréhensible dans la situation vécue par les Internes est le fait que dès la fin de la formation, leur salaire est coupé et les médecins envoyés au chômage, alors qu’au même moment, les hôpitaux sont confrontés à un manque chronique de spécialistes. Pourtant, ces Internes laissés à quai sont des médecins, doublés de spécialistes qui, au cours de leur apprentissage, ont été taillables et corvéables à souhait. Ce qui leur aura permis d’acquérir beaucoup d’expérience et de connaissances. Les Internes se plaignent souvent du fait que, durant leur spécialisation, ils sont tenus de payer une somme variant entre 500 mille et un million comme frais d’inscription pour l’obtention du diplôme de spécialiste. Ce qui, normalement, devrait être du ressort de leur ministère de tutelle

Laissés à eux-mêmes, la majeure partie de ces praticiens est soit absorbée par le privé tandis que d’autres choisissent la voie de l’exil tout simplement, parce que l’État qui n’a pas une bonne politique d’emploi, ne les recrute pas systématiquement, et le ministre de tutelle ne leur propose pas de contrat ; et même s’il arrive qu’il le fasse, c’est en nombre réduit et pas pour toutes les spécialités. Souvent, ceux qui partent le font pour approfondir leurs connaissances, mais finissent par s’installer, car ayant été recrutés et mis dans d’excellentes conditions. Finalement, c’est comme si l’État jetait l’argent des contribuables par la fenêtre, car les médecins formés par leur argent ne leur profitent pas.

L’autre incongruité constatée est le fait qu’au lieu de les recruter pour pallier au déficit, il arrive que le ministère de la Santé envoie des Internes en cours de formation dans certains hôpitaux comme stagiaires, là où il devrait embaucher des spécialistes. Comme quoi, l’Interne qui devait être sous la tutelle d’un senior, peut se retrouver médecin chef dans des contrées lointaines pour combler le gap.

Ce qui révulse le plus dans cette situation est qu’au moment où l’État refuse de recruter ces médecins dont l’utilité n’est plus à démontrer, les populations sont laissées à elles-mêmes et assistent impuissantes à la prédation de leurs ressources, à la création d’institutions budgétivores à l’engraissement d’une clientèle politique inutile.

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