Politique de santé après Corona : Changement ou continuité ?

Par El Hassane SALL

 La Pandémie du coronavirus aura montré à la face du monde l’importance d’une bonne politique de santé. Pourtant, le personnel soignant a toujours été laissé pour compte par nos élites dirigeantes. Mais aujourd’hui, tout le monde se rend compte de l’utilité du personnel médical. Ce dernier qui est aux avants postes de cette guerre sanitaire, se démultiplie pour circonscrire la Pandémie malgré la modicité de ses moyens. C’est d’ailleurs fort de ce constat que le Président Macky Sall a, dans une Tribune intitulée «Revenons sur terre», déclaré ceci : «Il est temps d’apprendre de nos erreurs et de nos limites, de redéfinir l’ordre des priorités, de redonner plein sens à l’économie réelle en investissant plus dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, pour réaliser un développement soucieux du bien-être de l’homme intégral».

Mais il semble que nos élites dirigeantes ne sont pas prêtes d’apprendre de leurs erreurs, de retenir les leçons du présent pour anticiper l’après corona. Pourtant, aujourd’hui tout le monde sait que cette Pandémie aura réussi à mettre à plat la vétusté de nos hôpitaux et le manque criard de personnel et de matériel. Donc, au lieu d’avoir une vision prospective pour sortir définitivement nos hôpitaux de la précarité, les dirigeants semblent au contraire vouloir les y maintenir. Sinon, comment comprendre le fait qu’ils veuillent procéder à un recrutement de personnel médical pour une durée de… 6 mois seulement ? C’est à dire, le temps que corona soit vaincu, puis après ce sera la continuité : les hôpitaux seront laissés à eux-mêmes comme d’habitude.

En effet, dans l’appel à candidature lancé par le ministère de la Santé et de l’action sociale, on peut y lire ceci : «Dans le cadre de la lutte contre le covid-19, la direction des ressources humaines du ministère de la Santé et de l’action sociale lance un appel à candidature pour des contrats de prestation d’une durée maximale de six (6) mois. Les catégories concernées sont : docteur en médecine, pharmacien, technicien supérieur de santé en biologie, travailleur social, assistant social, technicien en maintenance, infirmier d’État, assistant infirmier, sage d’État».

Ce qui est incompréhensible dans l’attitude de l’État est le fait que ce personnel qu’il cherche à recruter pour six mois seulement, le temps que corona s’en aille, fait défaut dans les hôpitaux en temps normal. Comme s’il n’y avait pas des pathologies autres que le covid-19. Donc, au lieu de recruter un personnel médical pour de bon avec des contrats à durée indéterminée et les ventiler dans les hôpitaux une fois la Pandémie passée, pour combler le manque, l’État préfère, comme à son habitude, se contenter de gérer le quotidien avant de retourner à ses vieilles habitudes, en envoyant ce personnel au chômage alors que les hôpitaux en manquent.

Une situation qui dénote encore une fois le manque de volonté politique de nos élites dirigeantes à doter le pays d’une politique sanitaire salutaire pour les populations. Parce qu’on ne saurait comprendre le fait que le pouvoir maintienne et entretienne des institutions aussi budgétivores qu’inutiles comme le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) qui a un budget de 8 milliards 640 millions Cfa ou encore le Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui se tape 6 milliards 227 millions 590 mille Cfa au moment où nos hôpitaux agonisent.

Ces exemples suffisent à démontrer que les moyens existent mais ils sont utilisés à d’autres fins, alors que la santé devait être une priorité pour ne pas dire une sur-priorité. Pendant ce temps, les structures sanitaires continueront de vivre dans la précarité, de même que le personnel et les patients souffrant d’insuffisance rénale, de cancer et autres diabètes, maladies beaucoup plus graves que corona, mais laissés à eux-mêmes. Jusqu’à quand ???

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