Par El Hassane SALL
La décision du Président de Sall de rouvrir les lieux de commerce ainsi que les lieux de culte continue de soulever des vagues de commentaires. Seulement, cette décision émane-t-elle des autorités sanitaires, ou est-elle une décision unilatérale du chef ? Cette question s’impose, car on ne saurait comprendre le fait que le président de la République, pour freiner la propagation du virus, ait pris la décision de fermer tous les lieux supposés entraîner des rassemblements au moment où le Sénégal n’avait enregistré qu’une vingtaine de cas ; puis, aujourd’hui que le nombre de cas a pratiquement explosé, de lever les mesures restrictives.
Si la mesure est pertinente, elle n’est pas opportune du fait que l’on assiste à une explosion des cas. On est dans la phase ascendante, pourquoi baisser la garde ? Aujourd’hui, ce sont des centaines de cas positifs qui sont recensés par jour. Pourtant, le professeur Moussa Seydi n’avait eu de cesse de mettre en garde contre la propagation de la maladie : «On doit s’inquiéter grandement de l’augmentation des cas. Ne pas s’inquiéter serait de l’inconscience absolue. On doit s’inquiéter parce que la situation est inquiétante. Tant que le nombre de cas est limité il n’y a pas d’inquiétude. Je le répète, plus le nombre augmente, plus la catastrophe risque d’arriver», avait-t-il averti lors d’une interview diffusée sur la Rts en mars dernier. Pourtant, au moment où le professeur tenait ces propos, le Sénégal n’avait que 130 cas déclarés positifs. Pourquoi aujourd’hui que les cas ont atteint la barre des 2000 que l’on veuille alléger les mesures. Le personnel médical a-t-il donné son onction ou c’est le Président Sall pris en étau entre les commerçants et les religieux qui a choisi de lâcher du lest ? En tout cas, ce qui est à craindre est que ces décisions du Président Sall ne conduisent les populations vers un désastre, car les structures sanitaires risquent d’être bientôt saturées au rythme où progresse la maladie.
«Tous les pays qui ont tergiversé pour prendre des mesures l’ont payé extrêmement cher», avait averti le professeur Seydi. C’est dans les moments de crise qu’on reconnaît les grands présidents… Malheureusement, toutes les mesures de Macky, depuis le début de cette pandémie, sont contreproductives et mettent en danger la population. Pourtant le peuple lui a tout donné pour qu’il réussisse sa mission : des pleins pouvoirs octroyés par le peuple et 1000 milliards pour son plan de résilience. Mais des failles inquiétantes ont été décelées dans la gestion de ce fonds avec le scandale des marchés de gré à gré de plusieurs milliards concernant l’achat de denrées.
Il y a aussi que le pouvoir a dès le début fait preuve de faiblesse en laissant certaines familles religieuse prier et d’autres non. Ce qui a entraîné des vagues de frustration qui allaient immanquablement déboucher sur une révolte populaire, alors que l’heure devait être à l’unité pour combattre ensemble le coronavirus. Mais aujourd’hui, le constat est que le Président Sall a abdiqué face aux nombreuses pressions, alors que chaque décision qui devait être prise devrait au moins avoir l’aval du personnel médical.
Combien de temps prendra-t-il au covid-19 pour submerger le pays, d’autant que le personnel soignant est plongé dans l’inquiétude la plus totale depuis que le capitaine a capitulé ?