Par Mohamed NDJIM
La pandémie de Covid-19 a occasionné l’effondrement des prix du pétrole brut ainsi que le ralentissement des activités du secteur avec les mesures prises par les États pour lutter contre la propagation du virus. Ces facteurs ont des impacts considérables sur l’ensemble des projets pétroliers dans le monde ainsi que sur les circuits de production et d’approvisionnement des entreprises, à cause du phénomène de confinement.
Faisant ce constat, Petrosen ne manquait pas de préciser que certains de ses partenaires évoquent déjà le cas de force majeure qui pourrait impacter les délais de livraison des premiers mètres cubes de gaz naturel et des premiers barils de pétrole brut. Cependant, ces consortiums dont Petrosen est membre continuent les évaluations avec un suivi sur le terrain pour mieux adapter les projets pétroliers et gaziers en cours. La même source d’ajouter qu’un dialogue actif est engagé avec les contractants et les sous-traitants pour minimiser les retards potentiels susceptibles de survenir sur le démarrage de la production du gaz naturel issu du champ de Grand Tortue Ahmeyin (Gta) et le démarrage de la production du pétrole provenant du champ de Sangomar. Le doute s’installe en ce qui concerne le maintien ou pas des délais de livraison initiaux des premiers barils de pétrole et de gaz. D’ailleurs, les reports s’enchaînent pour l’exploitation des deux gisements du bloc pétrolier de Sangomar offshore, découvert en 2014 à 90 kilomètres du littoral sud sénégalais.
Reports en série
D’abord prévue pour 2021, puis repoussée à 2022, la production des premiers barils de pétrole commercialisables issus du champ pétrolier n’aura pas lieu avant le premier trimestre de 2023, si l’on se fie à l’annonce faite le 19 novembre par la société nationale sénégalaise Petrosen. Cette projection n’intégrait pas la récession liée au covid-19. L’impact de la pandémie est à définir. La seule chose qu’est en mesure de garantir la société nationale pour l’heure, c’est que des concertations sont en cours pour minimiser les retards potentiels susceptibles de survenir. Concernant la stabilité macroéconomique, il va de soi que le schéma d’endettement massif souscrit par le Sénégal, en “hypothéquant” des hydrocarbures, fait face à l’incertain.
Le 29 janvier dernier, à l’ouverture du quatrième sommet du bassin sédimentaire Msgbc, commun à la Mauritanie, au Sénégal, à la Gambie, à la Guinée et à la Guinée-Bissau, Macky Sall faisait le point sur les prévisions étatiques. «Pour moi, le first gaz en 2022 est fondamental, tout comme le first oil en 2023. Il faut que les procédures administratives suivent l’évolution de ces différents chantiers», disait-il. Dans ce sillage, Petrosen avait lancé le 28 janvier à Dakar le cycle de licences 2020 du Sénégal pour 12 blocs libres situés en mer pour convier les compagnies intéressées à soumissionner auprès du ministère du Pétrole et des énergies. Le chef de l’État a donc de quoi se réjouir suite à l’adoption, le 28 avril dernier, d’une Déclaration portant suspension temporaire de l’application du «Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité dans l’Uemoa». La suspension du pacte qui comprenait notamment la limitation de la dette, de l’inflation ou d’arriérés de paiement est donc actée. Cependant, plusieurs observateurs craignent que cette mesure qui n’impose aucune autre limitation soit appliquée de manière abusive, ce qui risque de faire exploser les plafonds d’endettement convenables.