A quelques encablures des élections municipales prévues le 23 janvier 2022, il est clair que Malgré les apparences et nonobstant les multiples sorties au vitriol contre le Pouvoir, le jeu démocratique sénégalais est altéré par l’absence de leadership de l’opposition. Une opposition disparate, contradictoire, antithétique et totalement antinomique animée par des rivalités personnelles entre chefs de partis. La démocratie aurait pu être opérante si le Pouvoir avait en face de lui un leader crédible et irréprochable qui soit le redoutable challenger du président Macky Sall et le point de convergence de toutes les forces de l’opposition. Mais sa physionomie avorte ses plans car elle a tout d’un conglomérat d’orpailleurs ce qui en fait un bloc bloqué. Ainsi les récentes diversions de la coalition “Yewwi Askan Wi” et celle des libéraux du Parti démocratique sénégalais (Pds) en sont un exemple.
Dans la majorité présidentielle, il est clair que le leader de l’Alliance pour la République (APR) et de Benno Bokk Yakaar qui constituent la majorité présidentielle, est bien le président Macky Sall. Mais qui est le leader de l’opposition ? Qui est le principal challenger du président Macky Sall ?
C’est la grande question du jeu politique sénégalais. Aucun chef de parti de l’opposition ne présente encore un programme alternatif et ne s’érige en force politique qui inquiète. Le seul argument servi dans les média, unique lieu d’expression et d’existence politique, est la personne de Macky Sall et amplement sa famille ou bien des querelles de chapelle entre certains leaders de l’opposition d’où chacun cherche à avoir la voix au chapitre.
Et dans la toute nouvelle coalition dénommée “Yewwi Askan Wi” que mettent sur pieds les chefs de ces partis de l’opposition, personne n’a confiance en personne, chacun surveille chacun et contrôle tout le monde. Pour certains, ayant été tous au Pouvoir dont ils ont d’alors largement profité des avantages et des privilèges ou bien formés par le système administratif sénégalais, ils vivent un drame, celui de se retrouver loin des préséances, des prépotences et des protocoles. Ils sont tous animés par une malhabile animosité contre la personne du président Macky Sall qui détient le pouvoir. Aucun chef de parti de l’opposition ne s’illustre par une vision politique d’avant-garde et de propositions. Composée d’un ancien maire de la capitale, d’un prétentieux et des suivistes, d’autres sont composés d’un ancien Président de l’Assemblée nationale et puis du Sénat, d’un ancien Premier Ministre, d’anciens Ministres d’Etat et d’anciens Membres du Bureau de l’Assemblée nationale, le retour au Pouvoir est leur seule obsession.
Malheureusement, aucun de ces partis ne détient une capacité de mobilisation qui puisse impressionner. Les tribunes de certains activistes illégitimes connus sous l’emprise d’escroqueries et de structures de la Société “civile” sont leur unique espace d’expression et de visibilité avec comme slogan « Tout Sauf Macky !»
Des slogans théoriques et programmes burlesques
Dans leurs argumentaires, des propos axés sur « tout sauf Macky », est le nouveau programme de l’opposition sénégalaise. Oui : « Tout sauf Macky ! » S’ils veulent ! Mais qui à la place de Macky ? Et à cette question, les réponses ne peuvent être que remises aux calendes grecques. Et pour cause ! Si, dans l’opposition, les uns sont convoqués devant le Tribunal pour répondre de forfaitures dont on les accuse, les autres traînent des tonitruantes casseroles qui hypothèquent leur crédibilité. D’autres, véritables néophytes du jeu politique, optent pour une personnification du débat, ne proposant jamais d’alternatives contre les chantiers infrastructurels en cours, contre les mesures sociales altruistes, contre la politique hydraulique et énergétique menée, contre le récent envol d’Air Sénégal à la conquête du marché américain, et aujourd’hui le lancement du Millenium Challenge Account (MCA) Sénégal 2 communément appelé « Sénégal Power Compact » ; un projet dédié au secteur de l’électricité, financé sur don du gouvernement américain de 550 millions de dollars auquel s’ajoute une contribution du Sénégal de 50 millions de dollars. Le « Tout Sauf Macky » apparaît finalement comme un slogan haineux et non comme un programme alternatif pour un Sénégal qui gagne davantage. Le manque de vision est tragique. Dans les démocraties qui portent de l’avant, les programmes gouvernementaux sont au cœur des débats. Et ce n’est pas le cas au Sénégal ce qui fait du président Macky Sall un homme à l’aise à la tête du Sénégal.
Dans cette même logique, les partis de l’opposition sont nombreux. Mais ils sont tous des « partis personnes » et non des appareils politiques de programmes. La récente coalition mise sur pieds “Yewwi Askan Wi” est une entité drôle à cause de son soubassement abusif et outré qui donnerait l’image d’un Sénégal au bord du chaos alors que ceux qui en ont donné le paradigme se vautrent dans leurs espaces de vie paradisiaque grâce à la paix et à la stabilité nationale consolidée.
Comme pour dire que les forces de l’opposition sont ainsi faibles. La problématique de Têtes de listes se posera. Aucun leader n’imagine se ranger, par sacrifice, honnêteté, altruisme et patriotisme, derrière un autre. Les Pape Diop, Abdoul Mbaye, Khalifa Sall, entre autres, Thierno Alassane Sall, Ousmane Sonko, Mamadou Lamine Diallo, se comportent chacun comme un Président déjà en fonction qui attend une installation. Ils se font tous appelés Président et chacun s’accommode d’un protocole qui les éloigne de ces citoyens dont ils réclament les suffrages. Ils se regroupent en parodie en bloc contestataire, mais bloqué. Totalement bloqué ! Rendez-vous au soir du 23 Janvier 2022.
Cheikh Ahmed Tidiane Mbaye (Memphis)
Cadre de Banque
Spécialiste en Ressources Humaines
Manager au National Civil Rights Museum (Etats-Unis)
Membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR) – Memphis (Etats-Unis)
Premier Coordonnateur de l’APR – Memphis, Tennessee (Etats-Unis)
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