Drame des Rohingyas : au Bangladesh, les camps de réfugiés au bord de l’asphyxie

Les Rohingyas continuent d’affluer au Bangladesh, fuyant les opérations de l’armée birmane. Ils sont maintenant 450.000 à s’entasser dans les camps près de la frontière. L’ONG Médecins sans frontières (MSF), dont les équipes sur place tentent d’aider les réfugiés, craint une catastrophe sanitaire.

Pas assez de nourriture, d’eau, des camps difficiles d’accès et jonchés d’excréments : la situation pour les Rohingyas réfugiés au Bangladesh alarme les Nations unies et les ONG, qui appellent à l’aide pour éviter une catastrophe sanitaire.

A leur arrivée au Bangladesh, après des jours entiers de marche souvent sous la pluie, les rescapés trouvent des camps débordés et sont contraints de déboiser les collines, ou de s’installer sous de simples bâches au bord des routes. «Les camps sont surpeuplés à ce stade, ils débordent littéralement», a déclaré à Genève Andrej Mahecic, le porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Et les pluies torrentielles de ces cinq derniers jours ont transformé en bourbiers toute la zone, faisant craindre des glissements de terrain.

Eau contaminée

En outre, l’acheminement de l’aide est compliqué car la zone est immense et il n’y a pas de route à l’intérieur des camps. «Le terrain est vallonné, sujet aux glissements de terrain, et il n’y a pas de latrines. Quand on marche à travers le camp, on patauge dans l’eau sale et les déjections», décrit Kate White, coordinatrice médicale d’urgence de MSF.

«Leurs abris sont très fragiles, il n’y a pas d’infrastructures sanitaires, l’accès à la nourriture est très limité, égrène au micro de RFI Robert Onus, coordinateur d’urgence de Médecins sans frontières. Et lorsque vous combinez ces trois éléments, cela crée une situation où la santé devient très vulnérable. Parce que le moindre changement dans un de ces facteurs, la moindre maladie dans l’eau distribuée, la moindre baisse supplémentaire dans la quantité de nourriture dont disposent les gens, peut faire basculer la situation de très difficile et fragile à catastrophique. Je dirais que le principal problème, c’est l’absence d’accès à une véritable eau potable.» Faute d’eau potable, les gens boivent de l’eau collectée dans les rizières, les flaques, ou dans de petits puits creusés à la main et souvent contaminés par des excréments.

«Par ailleurs, reprend Robert Onus, le niveau de vaccination en Birmanie pour ce que l’on en sait est assez bas. Et une fois que vous avez une telle concentration de personnes, 450 000, qui vivent très proches les uns des autres, toute maladie qui normalement pourrait être prévenue par des vaccins peut s’étendre très vite. Et évidemment une de celles que l’on redoute le plus c’est la rougeole.»

Risque d’épidémie

L’ONU a estimé vendredi qu’il faudrait 167 millions d’euros (200 millions de dollars) au cours des six prochains mois pour affronter la «catastrophique» crise humanitaire. «Toutes les conditions sont réunies pour qu’une épidémie se déclare et se transforme en une catastrophe de grande ampleur», conclut Robert Onus, dans un communiqué publié jeudi soir.

Plus de 429.000 musulmans rohingyas ont fui au Bangladesh ces dernières semaines pour échapper à une campagne de répression de l’armée birmane, qualifiée d’«épuration ethnique» par l’ONU, et jusque récemment largement minorée voire ignorée de la part du pouvoir birman. Jeudi, le président français Emmanuel Macron est allé jusqu’à évoquer un «génocide».

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