La Cour Pénale Internationale doit se prononcer ce mardi sur une demande de non-lieu et une demande de libération provisoire de l’ancien président ivoirien et de son co-accusé, son ex-ministre Charles Blé Goudé.
C’est un instant auquel rêvent les partisans de Laurent Gbagbo depuis son arrestation, le 11 avril 2011. Plus que jamais, ce mardi 15 janvier, ils sont pleins d’espoir.
Huit années après la chute de l’ancien président ivoirien, interpellé dans le bunker de sa résidence présidentielle, trois ans après le début de son procès pour crimes contre l’humanité devant la Cour Pénale Internationale (CPI), la juridiction doit rendre deux décisions capitales à 11 heures, heure de La Haye (GMT+1).
Preuves insuffisantes
D’une part, elle doit se prononcer sur une demande de non-lieu, déposée par la défense en juillet dernier. Alors que l’audition des 82 témoins de l’accusation s’est achevée, que des milliers de documents, de vidéos et d’archives de cette affaire tentaculaire ont été présentés, les avocats de Laurent Gbagbo et de son co-accusé, l’ex-ministre Charles Blé Goudé, estiment que les preuves ne sont pas suffisantes et le dossier trop léger.
Selon eux, le bureau de la Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, n’est pas parvenu à démontrer qu’un « plan commun » avait été mis en place durant la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 pour permettre à tout prix à Laurent Gbagbo de se maintenir au pouvoir. Au terme d’une décennie de crise, celui-ci avait contesté la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle. Pendant quatre mois, la Côte d’Ivoire avait plongé dans une guerre qui, selon les Nations Unies, a fait 3 000 morts.
Coup de théâtre
En octobre dernier, la défense a ainsi plaidé pour un non-lieu pur et simple de leurs clients. Ce mardi, les juges de la CPI pourraient ainsi décider de prononcer l’abandon total des charges qui pèsent sur les anciens responsables ivoiriens. Il s’agirait alors d’un coup de théâtre et d’une immense victoire pour leurs proches.
Elle peut aussi choisir de maintenir tout ou partie des quatre chefs d’inculpation qui pèsent à l’encontre des accusés. Le procès se poursuivrait alors, comme le demandent ardemment les associations de victimes et les avocats de l’État de Côte d’Ivoire.
Libération provisoire?
Mais même dans ce cas de figure, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pourraient recouvrer une partie de leur liberté. Car d’autre part, les juges de la CPI doivent se prononcer sur une quinzième demande de libération provisoire. Alors même que le procès se poursuivrait, les accusés pourraient quitter la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas.
Les conditions seraient alors strictes : ils devraient notamment ne pas troubler l’ordre public, ne pas fuir et se présenter à toutes les audiences. Autant d’assurances qui, selon le bureau du Procureur, ne sont pas remplies pour le moment. Pour la défense, l’un des enjeux majeurs était de trouver un État proche du siège de la CPI qui accepterait d’accueillir l’ancien président ivoirien et son ex-ministre. Ces dernières semaines, les tractations étaient intenses. Les proches de Laurent Gbagbo ont quant à eux émis le souhait que l’ex-chef d’État puisse résider en Belgique, où vit Nady Bamba, sa seconde épouse.
Scènes de liesse
Cette remise en liberté serait alors perçue comme une première victoire par les partisans de l’opposant. Ces derniers mois, ils sont persuadés que le « vent est en train de tourner. »
Signe de leur optimisme, en décembre, de fausses rumeurs faisant état d’une libération de Laurent Gbagbo avaient provoqué des scènes de liesse dans certains quartiers d’Abidjan. À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle ivoirienne, et alors que Laurent Gbagbo a repris les rênes de son parti, le Front Populaire Ivoirien, à Abidjan, tous les yeux seront rivés vers La Haye.