POUR UNE JUSTICE ÉQUITABLE – Levez le coude !

«Ce que vous êtes parle si fort que je n’entends pas ce que vous dites», disait Emerson. Les accusations portées par le pouvoir sur les malversations supposées ou réelles de Khalifa Sall, sont d’une gravité extrême, surtout de la part d’un leader qui aspire à présider aux destinées du Sénégal. Seulement, aussi graves qu’elles soient, une bonne frange de la société ne parvient toujours pas à croire que le Maire de Dakar ait pu se rendre coupable de tels méfaits et crie au complot politique ou à l’acharnement. Une situation qui découle du fait que l’immixtion de l’État-Apr dans les affaires judiciaires, a toujours été dénoncée par des justiciables et par les magistrats eux-mêmes. D’ailleurs, l’Union des Magistrats a, à travers des sorties récentes, eu à déplorer cette immixtion quasi intempestive des pouvoirs publics dans les affaires judiciaires. La démission du substitut général Ibrahima Hamidou Dème du Conseil supérieur de la magistrature n’était que la goutte de trop qui a fait déborder le vase de contestation. LÀ OU RÈGNENT L’IMPUNITÉ ET L’INJUSTICE… Ce qui est dommage dans la situation actuelle du pays est le fait que le chef de l’État avait fait de la rupture son cheval de bataille. Les Sénégalais fatigués par la conjoncture économique et les sempiternels détournements restés impunis de leurs maigres deniers, attendaient de lui un assainissement des finances publiques et un châtiment exemplaire des pilleurs de l’argent public. C’est pourquoi, lorsqu’il avait soutenu qu’il ne protègerait personne lors du déclenchement de la traque, les Sénégalais étaient remplis de joie à l’idée de savoir que l’impunité serait désormais un mauvais souvenir. Malheureusement, cette joie fut de courte durée, quand certains prédateurs qui étaient dans le viseur de la Justice ont commencé à affluer dans les prairies marronnes au point de pousser le chef de l’État à donner un coup de frein ou à mettre le coude sur des dossiers compromettant ses affidés. Aujourd’hui, la désillusion semble être la chose la mieux partagée au sein de l’opinion. Une opinion qui semble plus que jamais convaincue que la Justice roule au pas de charge pour les opposants, et au pas de l’oie pour les proches du pouvoir. En atteste la sortie du Procureur de la République qui, malgré ses explications sur les lourdes charges qui pèsent sur Khalifa Sall, n’a pas réussi à tempérer les ardeurs, et des voix continuent de s’élever de plus belle pour crier à l’acharnement et au complot. Comme «la loi est générale et impersonnelle» et qu’elle s’applique à tous, le chef de l’État doit faire en sorte que tous les rapports qui lui sont transmis par les corps de contrôle soient remis à la Justice. De sorte que tous ceux qui se seraient rendus coupables de prévarication tombent sous le coup de la loi. Pour ce faire, il doit lever le coude sur certains dossiers qui épinglent ses proches, avant que les populations, ivres de colère, ne se laissent emporter par les discours va t-en guerre distillés ça et là. Ce qui pourrait être dommageable pour la paix et la stabilité du pays. Étant entendu que là ou règnent l’impunité et l’injustice, le chaos n’est pas loin.

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