Des jeunes filles «vendues» comme de l’or

À 81 kilomètres de la région de Kédougou, se trouve la commune de Khossanto. Un site d’orpaillage qui date de très longtemps et semble coupé du reste du monde. Dans cette localité, il n’y a ni eau ni électricité. Des jeunes filles sont «exportées» du Nigéria, du Ghana, du Mali, obligées de se prostituer. Une traite des personnes qui bat son plein. La caravane organisée conjointement par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), avec son ambassadrice de bonne volonté, Coumba Gawlo Seck et World Vision, ont permis de dé- couvrir un crime organisé à Khossanto. Reportage.

Khossanto. Un village qui n’a ni eau ni électricité. Ce site manque de tout. Accéder à cette localité, c’est d’abord parcourir, après le rond point de Saraya, 47 kilomètres de route goudronnée, ensuite 34 autres en latérite sous la chaleur accablante. À première vue, les cases appelées «niafa» attisent la curiosité d’un visiteur. En ce jour de lundi, les orpailleurssont au repos. Ici, des jeunes filles sont vendues comme de l’or. Des beautés sont fragmentées par un destin cruel. Elles viennent, pour la plupart, du Nigéria, du Ghana et du Mali. Ellessont exportées du Nigéria pours’adonner de force à la prostitution à Khossanto.C’est un «crime organisé». La plupart de ces jeunes filles que nous avonsrencontrées dans ce site répondent par des pseudos. Elles sont victimes d’une des traites humaines les plus humiliantes qui se termine souvent dans ce lieu perdu à cause des trafiquants qui usent de subterfuges, leur faisant miroiter un avenir de rêve. C’est à l’image de Success, de Happiness, de Destiny, de Hella, entre autres jeunes filles venues toutes du Nigéria. Chez elles, un monsieur, racontent-elles, leur avait fait croire de pouvoir les emmener en Europe et de leur offrir un travail rémunéré et assuré pour chacune d’entre elles. Pour cela, ajoutent-elles, une somme d’1.500.000 Cfa leurse- rait versée. Les jeunes filles étaient loin de se douter qu’elles seront larguées à Khossanto en acceptant cette «offre» aux allures d’un deal. Ainsi, on dénombre 87 sites pour 10 filles au moins dans chaque site. C’est le cas de cette jeune fille, sous l’anonymat, qui nous a confié que ses parents sont musulmans. Elle est musulmane aussi. Elle a été forcée et contrainte. Elle a atterri à Khossanto depuistroissemaines, parce qu’on lui a promis un voyage en Angleterre. Chaque soir, explique-t-elle, la personne lui don- nait des préservatifs l’obligeant à se prostituer. Puisqu’elle ne voulait pas, elle est battue et a commencé à se prostituer. Elle pleurait à chaque fois pour le faire. Elle touchaitsa peau parce que sa peau, dit-elle, ne l’accepte pas. La demande en fille trop forte à Khossanto Dans ces lieux d’extractions de l’or, il y a la loi de l’offre et de la demande. Celle-ci est forte en filles prostituées. Les chercheurs de l’or peuvent parfoislouer une fille. C’est ainsi qu’à Khossanto, les jeunes filles poussées à la prostitution sont comme de l’or. Dans ce site, le trafic de filles est bien une réalité. Poursatisfaire sa libido, il faut comprendre d’abord la langue pour pouvoir obtenir une passe. Celle-ci est prestée à 2000 Cfa ou «kémé- nani» qui en en langue Malinké. Le bar qui sert de «marché» où s’effectue la transaction on y trouve des jeunes filles âgées entre 20 et 25 ans, et leurs clients désireux d’assouvir leur libido, attirent notre attention. À l’inté- rieur,sous une chaleur accablante, les bancs sont alignés pour recevoir une trentaine de jeunes filles. L’alcool coule à flot et à gogo. Après des minutes de discussion sous la houlette du pré- sident de la communauté nigé- riane, c’est le moment idéal choisi pour tailler bavette avec elles, par l’entremise de la chanteuse Coumba Gawlo Seck. Dans ce lieu, les carnets sanitaires font défaut. Les filles obtiennent ce sésame dans les postes de santé de Saraya sans même avoir été contrôlées. C’est la raison qui explique le taux élevé du taux de VIH/Sida dans cette région. «L’enfer des jeunes filles» L’émotion a été forte, l’ambas- sadrice de bonne volonté de l’Of- fice des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (Onudc) n’a pas pu se retenir. Elle a versé des larmes en se cachant sous seslunettes de soleil. Une à une, elle les a écoutées lui parler : les auditionssontrendues plusfaciles par l’échange entre femmesins- tauré. Happiness a passé deux ans à Khossanto. Elle est l’aînée de d’une famille de cinq bout de bois de Dieu qui comptent sur elle. Pour elle, les conditions de travail comme coiffeuse ne sont pasréunis dansson Nigéria natal, mais n’empêche, selon elle, son rêve d’ouvrir dans un avenir proche un salon de coiffure reste toujours vivace. «Une personne nous a dit de venir ici pour faire du commerce. Le patron est resté au Mali. Il m’a fait savoir que si je ne paye pas, je vais mourir. Quand je dois verser une somme, il y a un autre gars qui vient ici récupérer la somme», se désole Success. Cette jeune dame, coif- feuse de métier, ne souhaite que retourner dans son pays, car, selon elle, dans sa famille, per- sonne ne se prostituait auparavant. Durant toute l’audition et malgré la chaleur, Coumba Gawlo Seck a prêté une oreille attentive aux «prostituées» de Khossanto. Cer- taines d’entre elles avaient peur de parler de leursouffrance. Elles hésitaient. Après quelques échanges émouvants, c’est le moment choisi pour quelques jeunes filles de s’accrocher à la Diva pour tout salut. Le but : li- vrerson secret à Coumba Gawlo Seck loin des indiscrétions. «Renter au bercail à tout prix» Le vœu le plus cher de cesjeunes filles, «obligées» à se prostituer, est de retourner au bercail.Après des auditions de plus de quarante minutes avec l’ambassadrice de bonne volonté de l’Onudc, celleci a pris l’engagement, à défaut de faire fermer ce lieu de trafic humain, de mettre fin à la prostitution forcée dontsont victimes de jeunes filles issues des pays de la sous-région. À cette occa- sion, la Diva quis’est entretenue en aparté avec elles, leur a ma- nifesté son engagement et leur a juré de prendre le dossier en main. Un défi de taille que la chanteuse a promis de gagner pour la restauration de la dignité féminine. Un brin d’espoir pour ces jeunes filles qui n’hésitent pas à saisir une telle aubaine à la volée pour échapper des griffes de ces nouveaux négriers d’un autre temps. «Pour le plaidoyer, j’ai commencé déjà. En venant visiter les filles qui sont dans cette zone de Kédougou, dans le village de Khossanto, j’ai pu me rendre compte combien en Afrique les Droits humains sont bafoués, particulièrement ceux des femmes. J’ai pu voir dans cette zone des femmes qui sont bafouées, des jeunes filles de tous âges venant de partout.C’est aberrant pour moi de voir qu’il se passe de telles choses tout près de chez nous sans que rien ne soitfait.J’appelle nos autorités à plus de vigilance, à être plus regardant, à être plus proches des populations, à veiller à ce que les Droits humains soient respectés», se désole Coumba Gawlo Seck.

4 Commentaires

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