La vérité sur la mort d’Omar Blondin Diop – l’État au banc des accusés…

«Il ne suffit pas qu’une opinion véritable soit émise par l’autorité d’un nom respectable pour qu’elle soit respectée, encore faut-il qu’elle soit conforme à la vérité» Socrate, le Philosophe.

  1. État des lieux de mémoire : l’intrigue devient habileté…

Dans ce monde où tout le monde est réputé connaître les règles et les principes dont elles procèdent, nul n’est censé ignorer la Loi dit-on. Chacun est donc tenu de bien savoir de quoi ça retourne dans sa fonction publique ou privée, ou en ce qui le concerne – l’individu (x, y) – la situation qu’il vit en un instant t déterminé. Le choix que peut effectuer un individu de se lancer dans une compétition électorale ou de s’ôter la vie librement n’est donc pas une nouveauté sur le marché des idées radicales ou généreuses. Au demeurant, c’est la qualité des discours partagés et des pratiques auxquelles s’adonne une certaine classe sociale dominante qui donne dans chaque entité territoriale à la classe dite politique ses lettres de noblesse. Tenir un faux discours dans ce cadre est alors assimilé à un mensonge d’État, arme redoutable du domaine de l’invisible qui est en permanence utilisée pour la cause démagogique de la Raison d’État dont on cherche à masquer – effacer, supprimer, faire oublier, scotomiser, est mieux indiqué – les points noirs de sa propre turpitude en tant que Raison d’État. Chose immonde citée contre les libertés publiques tous genres qui est si souvent prise et érigée «bouclier» pro intérêt général et anti discours profane et indigène qu’en face la République ça pue le crime d’État mal dissimulé. Voilà où nous voulons en venir : détruire la surenchère politique (mensonge d’État à crever) qui entoure l’assassinat du jeune Omar Blondin Diop. Ce crime d’État jamais assez élucidé pour être éteinte action publique et qui s’est jusque là caché sous cet habit : «une famille réputée pour ses idées extrémistes». Là est le but de notre propos : demander des compte à l’État sur le cas du meurtre de Blondin Fils, affaire dite Omar Diop suicidé. Voilà pour camper le décor, au moment où c’est Ismaël Madior Fall qui se trouve être le nouveau garde des sceaux après Mimi Touré et Sidiki Kaba. Tout en gardant présent à l’esprit que «le pouvoir s’est toujours entendu pour présenter le «groupe des incendiaires» [……] comme un vulgaire regroupement-association-ramassis d’incendiaires, c’est-à-dire de malfaiteurs nuisibles à la communauté» (In Lettre de Dakar, page 6, Éditions champ Libre, Paris, 1978, Libre Association d’individus libres, Livre-Mémoire et réponse à la thèse officielle sur la mort d’Omar Blondin Diop à Gorée le 11 mai 1973). Aussi préviennent-ils : «Les éléments d’avant-garde ne prouveront leur cohérence que dans les capacités réelles qu’ils auront à susciter ou à intervenir dans les situations de remise en cause de l’ordre social. La rupture totale avec les formes conservatrices de combat, telles qu’elles se manifestent lorsque les masses prennent la parole envers et contre tous, doit constituer le point de départ des éléments avancés».

  1. Problématique : l’inconséquence devient calcul

À vrai dire, dans ce livre (Lettre de Dakar, page 6, Éditions champ Libre, Paris, 1978, Libre Association d’individus libres), on apprend bien «ce qui, d’emblée, déconcertait le pouvoir : c’était bien moins les actes en eux mêmes (expropriation, incendies et tentative d’attaque du cortège Pompidou) que la disproportion aussi flagrante entre les «moyens» inexistants à tous égards de ce groupe et ses ambitions et buts déclarés, c’est-à-dire le caractère à tous points de vue suicidaire d’une telle entreprise. C’était le contraste combien évident entre la naïveté des membres de ce groupe et la gravité réelle des problèmes qu’ils mettaient aussi crûment à nu : en attestent les meetings et débats que provoquèrent partout l’arrestation du 5 février 1971 et les justifications que le régime dut fournir pour les lourdes peines qu’il prononça six mois plus tard. Ce que le pouvoir dut reconnaître et décider de punir le plus sévèrement possible, ce sont les premiers pas d’une subversion de type nouveau qui secoue toutes les classes dirigeantes du monde actuel.» On ne va pas multiplier à foison les pages de ce livre sans nécessité, créant ce qu’on appelle le sentiment du rasoir d’Occam inutilement. Le fond de notre pensée en réactualisant une partie sombre de notre histoire c’est de dire comme indiqué clairement dans ledit ouvrage que : «Les prochaines révolutions ne peuvent trouver d’aide dans le monde qu’en s’attaquant au monde dans sa totalité.» (Cf. «Adresse aux révolutionnaires d’Algérie et du monde entier», Internationale Situationniste n°9).

Et comme nous ne faisons pas dans l’intrigue, et que nous savons que nous serons long à lire et difficile à être décortiqué librement, alors nous nous empressons de rendre un dernier et vibrant témoignage, non pas comme coutumièrement, mais originalement, sans bavure à l’image de la netteté de la malhonnêteté qui a servi à maquiller un crime d’État transformé en suicide, de parent à un neveu.

Nous disons donc dans la même veine – agissant aussi – que «la qualité première que nous reconnaissons à ce groupe, sa seule signification historique notable, fut d’avoir exprimé de façon orageuse (la seule qui convenait en de telles circonstances) la crise du mouvement révolutionnaire sénégalais et les premières tentatives encore faussement conscientes de son dépassement radical. La seule victoire réelle du «groupe des incendiaires» fut, tout simplement, d’avoir existé».

On n’irait pas avec eux jusqu’à accuser Nicolas Sarkozy et consorts d’avoir arrêté Laurent Gbagbo et d’avoir fait tuer Mouammar Kadhafi. Mais il n’en demeure pas moins que croisés ensemble, les assassinats de Lumumba, de Cabral, de Sankara, de Diallo Telli, d’Omar Blondin Diop, de Benjamin Moloïse, de Steve Biko, on en passe par-dessous jambe une pile de tissu blanc-linceul souillé par du sang versé d’un fils, patriote africain…, tous ces assassinats sont une même face d’une même médaille épinglée à la poitrine de mercenaires porteurs d’armes et recruteurs formateurs de groupes armés qui naissent un peu partout à la place de l’armée coloniale ou néo coloniale et que font financer les multinationales désireuses de se réimplanter aussi illégalement et aussi indûment en Afrique, continent devenu subitement à nouveau un marché terrestre fort attractif pour toutes les économies du monde. Aussi, lorsque deux actes d’une même nature (homicide volontaire/involontaire) coïncident (auteurs inconnus et mystérieux) et relèvent d’une même notion rationnelle (enquête de police scientifique ou commission d’enquête parlementaire), ils doivent être soumis (obligation légale, car la vérité fait la loi), à la même disposition légale (Constitutionnalité des lois). En latin, Ubi eadem ratio, ibi eadem juris dispositio. Et ce, quand bien même le législateur n’aurait visé que l’un de ces actes (lois arbitraires vs contrepouvoirs existants). Parce qu’en tout état de cause la problématique reste la même à élucider ici question de départ : Ubi societas, ibi jus (là où il y a une société d’hommes justes, là il y a un corps de droit). C’est cela l’État de droit, hors toute sûreté d’État et notion de secret-défense à État central, réunificateur et garant de la légalité des lois.

Mais quand ses motifs correspondent, la problématique est ainsi changée : la justice que l’on recherche ici pour Omar Blondin Diop est elle extensible à l’un des cas, d’un cas à un autre, précités d’assassinats non élucidés ni aux auteurs pris et sanctionnés ? Une exception étant en train d’être le cas de Thomas Sankara, dont ce 15 octobre est le trentenaire – avec Peter Tosh, le 11 septembre 1987 – de son assassinat, contre 44 ans pour Omar Blondin Diop (11 mai 1973).  Autrement dit, si tous ces cas sont corrélés à l’entreprise néo coloniale prête à nous faire manger dans le creux de sa main, faut-il y voir la main invisible qui régit notre Moi individuel des mêmes natures humaines qui nous rendent aujourd’hui connexes voisins d’interfaces internet pour inter-réagir face à tous nos problèmes et questionnements intérieurs complexes et comparables ?

 

  1. Hypothèse de travail : l’inconscience devient alibi

Aussi est-ce avec respect des institutions que nous nous proposons de crever l’abcès d’un mensonge d’État profondément caché au fin fond des cœurs assombris de fonctionnaires et hommes d’État contemporains, en sachant bien sûr rendre au César élu ce qui lui revient et qui relève de la souveraineté d’État qui est César lui-même. Et d’autre part à Dieu Maître de l’ordre tout entier, ce qui relève bien de Lui. Cette antienne fondatrice de la séparation des fonctions temporelle et spirituelle, il y a 2000 ans, permet de discerner – pour nous en tout cas – ce qui est part de vérité dans la vérité temporelle tue et qui reste part de mystère inexpliqué dans la vérité temporelle exprimée (version officielle) par les plus hautes autorités. Parce qu’encore une fois, Blondin et les compagnons à ses frères «n’ont, certes, aucune qualité officielle pour le faire, ne tiennent leur mandat de représentants du «parti» prolétarien de personne, si ce n’est d’eux-mêmes ; et ils ne tirent leur arrogance et leur culot que de la misère et de la bêtise de nos temps. (Avec toute cette merde, autant tout péter.) Ils considèrent que l’immensité de la tâche révolutionnaire d’aujourd’hui n’est qu’une incitation à être encore plus entreprenants et NÉGATIFS ; que certaines vérités sont bonnes à dire envers et contre tous ; qu’il n’est pas besoin d’être un savant ou un génie pour se rendre compte qu’on se fout de notre gueule ! le progrès réel passe par le désordre total ; que c’est là où ça gémit que le bât blesse». Malitia supplet aetatem (un mineur est pleinement responsable de ses actes, dès lors qu’il est pleinement conscient de leur caractère délictueux). Où est l’inconscience juvénile dans ce désordre total ? Contra factum non datur argumentum : il n’y a point d’arguties contre un fait déjà commis, car il n’y a pas de crime impuni. Si lui et ses frères ont payé leur part d’audace et de bêtise, il est temps que la majestueuse souveraineté passe à la caisse pour confesser son mensonge et payer sa part d’abus. Patere legem quam ipsi fecisti (souffre que l’on t’applique la loi que tu as faite toi-même. Car si nul n’est censé ignoré la loi, nul aussi n’est au dessus de la loi, en cela il n’y a pas de raison d’État qui tienne pour enlever la souillure de l’accusationnite de suicide qui frappe l’oncle de quelqu’un, étant musulman, un musulman ne se suicide pas, étant ambitieux normalien, un normalien est destiné à l’exercice de la fonction publique dans la haute administration, étant jeune, à 24 ans sans femme ni enfants, nul ne pouvait lui réserver un autre sort contraire à celui qu’il a connu si ce n’est le Divin. Qui s’est tout de suite chargé de le remplacer et de le renommer, sans les mêmes qualités éprouvées certes. Mais alors, question à 10 dollars : quel jeune serait assez fou à ce moment là de s’ôter arbitrairement la vie si c’est Dieu qui est seul à ôter la vie ? Qui d’autre à part Dieu a assez de courage, d’opportunités d’action flagrante et zélée, d’audace et de volonté pour annihiler un corps humain occasionnant perte de sa vie et sa disparition à la vue de ses parents et frères ? Creusons encore la question : est-ce possible que l’on puisse se passer le drap d’une cellule de prison à son cou, se pendre au plafond de sa cellule, sans avoir le cou penché sur le côté et la langue pendante avec bave et regards exorbitants comme si les yeux étaient sortis de leur orbite, en plus du cou tranché par le poids du corps et le nœud tranchant du drap noué au cou ? Si ce tableau clinique correspond à un cas de suicide de ce genre, alors on est d’accord, Omar se serait suicidé. Mais d’où vient l’erreur ? Quand on a fini de maquiller et de trouver les contre-vérités de l’autopsie du docteur béninois Quenum, il fallait bien révéler à la presse et à la famille le genre de mort et le certificat de genre de mort qui atteste de la validité de l’autopsie effectuée sans la présence du père Blondin, lui-même médecin généraliste qui fut le premier à douter de la véracité des faits bidonnés sur la mort de son fils pour le convaincre d’accepter cette perte divine (Foi de musulman croyant). C’est là que la photo funestement célèbre qui montre la laideur de la mort à la face hideuse – mais si belle comme est laide la mort elle-même, à la fois laide et à la face hideuse et si laide qu’elle n’a pas de prise sur l’homme nommé Omar Blondin Diop, génie dont la mémoire résiste encore au genre de mort qui lui avait été attribué in initio, il y a 44 ans maintenant. Un procès en son nom l’y avait déjà plongé au fond du cachot à Gorée avec la voix éteinte de ceux qui n’ont plus voix au chapitre.

C’est cet abcès qu’il s’agit ici de crever aussi vite qu’une réouverture de son procès ne saurait être plus célérité qu’un clin d’œil vite fait, à la simple (re)lecture des évènements du passé n’aurait résolu l’affaire tout entière (Monsieur Iba Der Thiam, Historien, professeur est encore un des témoins vivants et victime collatérale indirecte – Dieu merci). Car l’image immonde du maquillage fait de ce meurtre spirituel, puis assassinat politique, est en soi toute la lumière réflexive sur ce crime désormais commis et photographié jadis et donné à voir sous d’autres apparences pour «faire» étayer une thèse de sauvegarde (voir N°s de Dakar Matin et Le Soleil, années de braise 71, 72,73,74) qui concourait à préserver beaucoup d’atours républicains – comme aujourd’hui- et sauver des postes et des têtes dans la fonction publique sénégalaise, éminemment coupable au collectif -ce qu’elle sait bien du reste… etc. La réponse à une telle attitude néfaste est de dire en son fort intérieur, constamment en prières, que le monde périsse, mais que la justice l’emporte. L’arme redoutable de tout martyr en soi. Ce qui n’est pas rare à voir en manifestations diverses et permanentes, signes de toutes sortes (mention de la justice divine). Voilà pourquoi le plan escamoté de Dieu, sur ce pays sien qu’Il a tant aimé qu’Il lui a attribué les meilleures parts sur terre et dans les Cieux de Ses Saints, et qu’Il ne réserve qu’à Ses meilleurs serviteurs, dont les savants qui le craignent pour avoir à se suicider aussi facilement. L’on n’en doutera pas, mais il est tout aussi clair que ce plan déprogrammé -et non contrecarré- se paie cher au cash tous les jours que Dieu fait voir aux Sénégalais «quotidien» (kereñ-kereñ di ñaxtu). Pour dire tout simplement les choses, un martyr est un martyr, son âme n’ira jamais répondre ad patres et continuera à séjourner entre ciel et terre ici bas, dessus têtes parmi nous, autour nous, auprès de nous jusqu’à assouvissement total, complet ou partiel de sa soif de vengeance pour le tort qui lui a été causé. L’on ne lui en voudra pas non plus, face au fatidique «complot du silence» qui enveloppe «son affaire» macabre, de telle sorte que nul ne veut – ne peut d’ailleurs – lui donner raison et vérité sur ses assaillants de réputation notoire : l’État du Sénégal. Mieux que sa famille et pas plus.

La violence policière peut empêcher les membres extérieurs d’agir, mais elle n’a pas de pouvoir sur la volonté intérieure dont on lui a affabulée qu’il aurait utilisée pour s’ôter de lui-même la vie sans raison apparente ni justificatif crédible et familial acceptable qui ferait de lui un «incompris permanent». Ce mensonge d’État dure plus de 40 ans mais ne viendra jamais à bout de la vérité pour enterrer définitivement un «corps de sciences sociales» gênant, fait martyr, transformé coupable et noblement refusé d’accès au rituel musulman dont il est issu et qui lui est prescrit «Dogme» islamique incontournable. La prescription ne saurait donc en aucun cas, 7 ans après la célébration des 40 ans de sa disparition ici à Dakar puis à Bamako aux mois de Mai 2013 et 2014, courir contre celui qui se trouve être dans l’impossibilité d’agir de lui-même contre lui-même au-delà l’espace excepté de ce jour, pour lui-même – enfin !

En cela, la demande de remise au goût du jour du droit citoyen à nouveau revendiqué – droit de solde, droits et devoirs d’énarque de la rue d’Ulm – ne saurait constituer une injure non plus, puisque Impunitum non relinqui facinus (un acte criminel ne doit pas demeurer impuni). D’autant que «Lex ratio profecta a rerum natura». (Cicéron). En d’autres termes, «la loi est une prescription de la raison qui dérive de la nature des choses». Ici, un crime d’État est resté impuni 44 ans après les faits consacrés (voir note de La Lettre de Dakar) et continue à se vêtir du manteau épais du mensonge d’État pour paraître encore plus inaperçu qu’il ne sert plus à rien d‘invoquer la raison d’État devant l’évidence des choses, des faits, de la nature, et de l’histoire. Pour se cacher à sa propre turpitude sans grand courage. Alors qu’il faut écrire avec son sang et dire la vérité tirée du fond de la gorge et non des tripes. En-est-on si incapable que rien ne nous réussira en définitive ? «La révolte, disait Paul Claudel, est ce sentiment noble qui trouvera toujours un large et profond écho dans les cœurs tant que l’injustice continuera à régner sur terre», (cité de mémoire).

Parce que tout naturellement, la loi naturelle n’est pas exprimée dans un document écrit appelé Code de procédure pénale, mais elle s’épanche ici et maintenant comme d’une source abondante de l’inspiration à profusion (termes juridiques appropriés, inappropriés ou hors contexte) existant naturellement en chacun de nous (faits vérifiables). À ce moment, on peut ajouter sans risque d’égarement ni illusions fugitives mal entretenues – comme supra (cf. Cicéron) – que la loi est une prescription de la raison (d’État exclusivement ?) qui dérive bien évidemment de la nature des choses. En ce sens, une Cour d’appel ne peut statuer en cas de réouverture du dossier judiciaire que dans les limites fixées par la nouvelle modification de la structure judiciaire du pays où le procès devra se tenir. Ceux de la famille ou la famille au collectif d’Omar Blondin Diop qui auraient interjeté appel devront examiner les conditions particulières dans lesquelles devra se tenir le procès pour la manifestation de la vérité et le dédommagement moral et au franc symbolique de la famille Diop Blondin.

 

  1. Grille d’analyse : l’ignorance devient prétexte

Niger, Sénégal, Mali, France, voici 4 pays qui ont part liée à la biographie d’Omar Blondin Diop. On en passe par-dessous jambe une pile qui n’est que la poursuite de sa longue et brève mission qui lui a fait voir le jour un 18 septembre 1946 à Niamey (Niger), avant d’accompagner ses parents qui finissaient de purger une sorte de sanction administrative coloniale et arbitraire qui se payait d’affectation de postes dans ce grand ensemble géographique qui s’appelait pompeusement AOF pour Afrique occidentale française. Ainsi, de classe en classe, il finit par se retrouver au Lycée Louis Le Grand où il réussit, après son baccalauréat brillamment décroché, au concours d’entrée à l’école normale supérieure, célèbre établissement dont il n’avait pas l’importance de lui consacrer de son génie au seuil de l’exercice à l’aspiration à la fonction publique. Après une intelligente participation aux évènements mondiaux de mai 68 à Paris aux côtés d’autres militants qui ont ou qui continuent de jouer un grand rôle dans leur pays respectif, il avait été expulsé de la capitale française au moment même où il s’apprêtait à passer l’agrégation en Philosophie et sciences sociales pour être ce Monsieur le fonctionnaire sénégalais à la tête pleine et à l’âme incorruptible affichée intègre. De retour dans son pays, de nationalité sénégalaise et malienne, à l’image de ses deux mères, sœurs jumelles et grand-mères Awa et Adama, il concourut à l’édification du laboratoire Carbone 14 aux côtés du professeur Cheikh Anta Diop, un proche ami à ses parents. Stagiaire, il en profitait pour apporter la contradiction en tout par la critique qui était son arme redoutable, à ces coopérants français qui avaient encore la main mise sur le campus de Dakar. Ses contributions dans les débats et les cours polycopiés qu’il distribuait aux étudiants de Dakar d’alors vont servir à déclencher une furia juvénile collective pour les nouveautés en vogue en occident : disques et genre de musique, cigarette, cigare, tous ces artifices qui ont fait la génération Mai 68. En cela, il dirait que «la révolution n’a pas besoin de chef suprême». Quelques mois plus tard, il a été négocié auprès des Présidents Senghor et Pompidou son ami, malgré l’action radicale du groupe des incendiaires qui étaient encore en prison, son retour en France et la levée de la mesure d’expulsion. Ce qui ne lui plût pas du tout ni le fait d’avoir rencontré Senghor pour tentative de corruption au corps. On connaît la suite, il n’a jamais digéré cela et il a fini par le leur cracher à la figure de guerre lasse, en «insultant» à la face de M. Jean Colin dans son geôle de Gorée où celui-ci lui aurait rendu visite nuitamment pour un dernier essai. C’est dans ces circonstances qu’il a péri, en ayant effectué un long périple dans beaucoup d’États pour son propre épanouissement intellectuel, physique et moral, pour atterrir à Bamako, où il a été mis en état d’arrestation pour on ne sait quelle raison, qui lui a valu d’être extradé à Dakar, jugé par une Cour spéciale de sûreté de l’État qui l’a condamné à trois ans de réclusion criminelle, avant de finir par mettre fin à sa vie en le lui imputant indûment. Voilà la grille d’analyse et la lecture qu’il faut avoir de ces évènements qui se sont déroulés sur six ans, de 1968 à 1973.

Une erreur commune France-Sénégal-Mali a fait naître une apparence de droit, mais ne peut valablement faire obstacle à la manifestation de la vérité face à des poursuites qui restent encore valablement exerçables contre au moins un ou deux des trois États impliqués dans l’invisible du motif latent de cet horrible crime d’État qui transpire le mensonge d’État. Monsieur le Garde des Sceaux ! Il y a eu entorse à application à la loi pénale pour infraction notoire (= crime). Error communis facit jus. À la vérité, aucune prescription ne saurait frapper ce dossier brûlant (brûlot) car le dénommé Omar Blondin Diop, se trouve dans l’impossibilité d’agir pour ôter la souillure publique de son corps de sciences sociales qu’il représente(ait) éminemment. Sinon il l’aurait fait, du moins il va continuer à bloquer plein de projets, de fausses joies populaires par pure plaisir et l’on ne pourra rien lui exiger de plus : parce que nous ne lui accordons pas sa vérité pour que son âme repose en paix une fois pour toute à Soumbèdioune Abattoir.

Il est donc conseillé aux magistrats de ne point s’attacher à des vétilles encore pour refuser dire le droit et sanctifier ce sanctuaire où repose le président Lamine Guèye, le député Blaise Diagne et bien d’autres illustres fils de ce pays, dont les grands-parents d’Omar, frères et sœurs. Parce que le droit reste l’art du bien dire les choses qu’elles soient justes et véritables, donc véridiques, car établies, fiables et palpables à l’œil nu. C’est pourquoi l’image fournie par les autorités pour s’amender – ne pouvant rien justifier en leur faveur depuis aussi- suffit en soi à elle même comme preuve la plus illustrative de ce mensonge d’État. Du moins aux yeux de tout bon médecin, légiste ou pas. L’aveu même non prononcé est ici la reine des preuves. Par opposition au mal et par opposition au droit strict complaisant, la peine de la famille Diop Blondin et alliés est un mal causant une souffrance au monde entier, en raison du mal justement causé par une action publique qui perdure dans son négationnisme sans risque de sanction au collectif ou au pénal. On peut donc ici plaider que l’acte pris en lui-même dans sa globalité, révèle l’existence du dol, pour rester dans un juridisme que tout le monde comprend ici chez nous au Sénégal : «jaay doley yoon-nguur». À qui le Crime a-t-il profité ? Confessio est regina probatio (l’aveu est la reine des preuves) : le Dr Quenum, choisi médecin légiste délivreur du certificat de genre de mort est parmi ces gagnants qui ont ramassé de la fortune illicite suite à l’assassinat d’Omar Blondin Diop. Ne serait-ce que la protection de l’État et la sécurité publique dans le présent et dans le futur dont il aurait bénéficiées. Dès lors la blessure qui en résulte jusque de nos jours, ne se situe plus sur le terrain des blessures involontaires, mais sur celui des blessures volontaires et cas aggravé de mensonge de l’État persistant et persistant dans ce mensonge-là !

Si la faute est si lourde pour être avouée entièrement, c’est parce que, Messieurs, Dames, l’imprudence à torturer gratuitement un corps humain et la négligence des hommes qui l’ont tabassé plus que de normal, sont à assimiler à de la Non assistance à personne en danger jusqu’à mort s’en suit, pour ensuite paraître des coupables non reconnus. Mais qui se cachent encore sous ces masques de criminels au sein de la police sénégalaise pour qu’ils bénéficiassent de tant de protection comme le Docteur Quénum considéré au dessus de tout soupçon ? On ne saurait le savoir. Et justement c’est parce qu’on ne saurait le savoir qu’il nous a paru nécessaire de crever l’abcès de ce mensonge d’État en insistant sur la réouverture du procès concernant l’Affaire Omar Blondin Diop, phase I et II et station malienne du Palais de justice. Pour clause de non prescription et de non forclusion du dossier pour a-rétroactivité. Parce qu’il revient au même (sa famille, son neveu-ci) de ne pas assigner et de ne pas prouver. Noli me tangere ! Veuillez ne pas me toucher, svp ! Il importe ici de rendre à chacun ce qui lui revient. À chacun sa justice. Celle–ci est celle de Mâât, la déesse de la justice, elle est rendue exigible pour rendre justice au fils aîné du Docteur Ibrahim. À lui, nous disons ici : «Nemo auditur perire volens»/«Nul n’est recevable à produire un moyen de droit pouvant entraîner sa propre mort», fin de citation. Puisque rien ne peut être voulu contre l’intégrité de sa personne physique qui n’ait fait l’objet d’une connaissance préalable comme atteinte possible à sa vie. (Nisi volitum, nisi praecognitum).

La justice et la paix s’enlacent fraternellement comme le crime et son mensonge s’enculassent atrocement. C’est une même justice pour tous : Justicia omnibus ! Et à chaque pays sa propre religion, n’en déplaise à la sage Minerve. La nôtre est de professer que notre abomination est notre abomination : nous ne mangerons jamais de ce que nous exécrons. Tant que celui qui a été spolié de ses droits à un devenir n’a pas été rétabli dans ses droits, la chose serait toujours pour les autres jamais pour nous. Nous ne tairons pas les points obscurs et nous suivrons toujours les tenants lieux de ce mensonge d’État qui ne l’est moins qu’en partie, à cause de l’effritement souhaité d’une affaire bien à classer mais inclassable malgré la durée du temps qui court pour sa prescription impossible. L’infraction est toujours poursuivie et punissable erga omnes ad vitam aeternam ! Nous le voulons, nous l’exigeons, que notre volonté tienne lieu de loi de la jurisprudence sénégalaise en cette matière jugée et classée dès lors.

Quoi ? Les dispositions spéciales d’alors prises contre le fils Blondin dérogent-ils si bien aux règles générales que la continuité de l’État serait d’essence irresponsable sur toute la ligne ? On le sait tous, l’exception est d’interprétation stricte. Mais dans ce cas du fils Blondin tué et donné pour suicidé, c’est la fraude elle-même qui entache de nullité tout le registre grabataire qui a servi jusque là, au nom de la continuité de l’État, à mentir éhontément en affirmant continuellement qu’Omar Blondin Diop a été découvert dans sa cellule drap au cou. Et le rapport du médecin légiste aidant, on a ajouté «qu’il se serait suicidé…». La vérité (version officielle) à demi mots voilés et découverts rendant l’État sénégalais nu dans toute sa nudité de princesse de l’occident confusément prise de panique et de honte face à son crime perpétré, commandité ou accidentel, mais non reconnu. Vaine attitude et comportement suicidaire de l’accusé mis au ban de la société sénégalaise dans son ensemble sans qu’il ne le sache réellement.

Aussi, disons-nous à Dieu que même vaincus provisoirement, «nous serions toujours en possession d’une quantité suffisante pour nous permettre d’élargir notre regard sur cette terra incognita que nous commençons à peine à explorer» pour parler comme le philosophe Henri Bergson. Car même vaincus nous n’irons pas dire «Seigneur nous sommes vaincus, fais triompher Ta cause». Mais nous dirions plutôt que : «voici qu’on envoie le vrai contre le faux, et il se met à le poursuivre, l’attrape et l’anéantit. Le voilà disparu parce qu’il était le faux, donc destiné à disparaître». En cela, nul n’est admis à exercer une action en justice pouvant lui nuire. Un plaideur n’est pas agréé à se prévaloir de sa propre turpitude devant les tribunaux répressifs. Dans ce cas qui est plaideur et accusé et qui est victime et accusateur ? Partie civile et défense d’État en danger permanent de dissolution rapide et provoquée. Il ne faut pas souiller les pures fontaines de la justice, a écrit Francis Bacon. Pour dire «Invincibilis error est quae moraliter vinci nequit, cum nulla cogitation». Traduit : «Est invincible l’erreur qui ne peut être vaincue, en l’état des mœurs, par aucune réflexion». À chaque pays sa propre religion, encore une fois. En espérant sur la sacralité de la chose jugée, nous prions que la justice différée ne soit pas cette justice déniée qu’on pourrait nous réserver en suite et remords en lieu et place de la vérité. Car il ne faut montrer aucune indulgence envers ceux qui sont de mauvaise foi (Malittis non est indulgendum).

 

  1. Cadre méthodologique : le savoir devient source de lumière et de sagesse

L’étendue du pouvoir de police en temps de crise – années de braise post mai 68 – a historiquement tenté de rendre un acte inutile (la revendication scolaire) par un acte utile (Omar Blondin Diop supprimé, ses frères jetés en prison). Mais le pouvoir senghorien a oublié une chose : c’est la grandeur concrète de la blessure qui en détermine la gravité juridique 44 ans après les faits commis de long en large sans en omettre aucun passage dans l’histoire du film de la traque lancée contre Omar Blondin Diop (Vulneris magnitudo atrocitatem fecit). Il est vrai, qu’en tant que médecin, son père Docteur Ibrahim Blondin Diop, connu secrétaire général du ministère de l’information à une certaine époque sous Senghor, avait fini par jeter l’éponge en démissionnant du gouvernement. Tout autant, un autre médecin Quenum ne peut être le seul témoin véritable qui certifierait exactes les conditions dans lesquelles est survenue la mort du fils aîné au docteur Blondin, espoir de toute une famille nombreuse, de par la qualité de ses études et leur finalité propre. Et pourtant c’est ce Dr Quenum qui dressa le diagnostic, mais il n’a pas pu fournir la vérité dont il n’a pas été témoin oculaire pour certifier exact le diagnostic qu’il a dressé autopsie du corps du disparu mystérieusement mort. Son témoignage et son certificat de genre de mort délivré pour satisfaire la cause de la raison d’État ne sont donc pas valables au témoignage au jour du procès, mais constitue en soi la pièce à conviction qui établit le mensonge d’État dans la véracité des faits précités. Première vérité.

 Deuxième vérité : Nec ut emat melius, nec ut vendat, quidquam simulabit aut dissimulabit vir bonus. Expliquons : si notre oncle, avant de quitter ce monde pas de son propre gré, avait demandé au Seigneur en ces termes – «mon Seigneur ! Inspire moi d’être reconnaissant envers Toi pour les bienfaits dont Tu m’as comblé ainsi que mes parents, et de pratiquer le bien qui Te plaît, et établis pour moi la droiture dans ma progéniture. Je reviens repentant vers Toi, et assurément je suis du nombre de ceux qui sont obéissants»-, alors il va de soi que le génie tant prophétisé par feu Fily Dabo Sissoko qu’il fût, qu’il était, qu’il n’a cessé d’être, qu’il est toujours, n’a eu que le destin pré indiqué qui était le sien et la brièveté de ses jours en est la plus parfaite illustration qui résume tout le reste sur son passage dans ce monde où il a séjourné comme une étoile filante et est passé comme un roi marchant pieds nus sur les chemins de la connaissance, de la Turquie à la Palestine (Gaza), en passant par la Guinée et l’Algérie, avant d’atterrir au Mali où il fut prisonnier, puis extradé dans le pays qui ne l’a pas vu naître, mais qui était à sa poursuite comme d’un roi rival qu’il fallait coûte que coûte éliminer pour la survie de la République naissante et pouvant basculer à tout moment dans une situation inédite et particulière. La même menace qui subsiste toujours pour rendre des forces de sécurité si puissantes et si méfiantes. Aussi, ni pour acheter, ni pour vendre au mieux, un homme de bien ne simulera ou ne dissimulera quoi que ce soit. Si l’État sénégalais n’en est pas capable, un des membres de sa famille s’y propose pour initier l’État à la démarche vers la manifestation de la vérité au moment où Ismaël Madior Fall remplace Sidiki Kaba de jure et de facto au Ministère de la Justice. Cqfd !

Troisième vérité : l’expression du visage est le miroir de l’âme. Qui oserait dire, à l’examen à l’œil nu de la photo mise en circulation – à part le Dr Quenum – pour attester du suicide d’Omar Blondin Diop, que cet homme s’est ôté la vie de lui-même ? Landing Savané ? Feu Djibo Leyti Kâ ? Moustapha Niasse ? Mamadou Diop Decroix ? Jacques Habib Sy ? Alioune Sall dit Paloma son éternel compagnon qui a échappé au même sort qu’ils ont toujours connu ensemble ? Qui d’autre à citer ? Alain Krivine ? Daniel Cohen Bendit ? Me Jacques Vergès ? Robert Badinter ? Léopold Sédar Senghor ? Jean Colin ? Donnons notre langue au chat. Voyons tout cela de près. Justice différée, justice déniée. Mais si 44 ans après le fait commis et maquillé, dans le même pays, avec le même drapeau, la même devise, la même juridiction territoriale, il existe un corps de droit de gens justes et conscients des faits qui avaient été commis à une certaine époque, alors la vraie justice devrait exister vertu de sages pour attribuer à chacun ce qui lui revient de droit : sa part de vérité. Car dans une vérité il y a la vérité, sa vérité et ta vérité, selon Amadou Hampâté Bâ. En ce sens, le Tribunal devra répondre à chaque chef de conclusions minutieusement conduites enquêtes de police scientifique, avec une théorie vigilante et des logiciels de reconnaissance faciale qui donnent à la technologie toute sa valeur. Tout en sachant qu’une partie ne saurait être réputée avoir produit une preuve allant contre son intérêt nonobstant l’opportunité des poursuites. Tempus regit actum (La loi en vigueur au jour où il est rédigé régit la forme d’un acte juridique). Ce qui veut dire que le juge cesse d’être juge dès le jugement rendu. À cet effet, les nommés Ibrahima Dièye et Ndéré Faye, gardes pénitentiaires, et Assane Diop, directeur de l’administration pénitentiaire, «lugubre capitaine» n’ont certainement pas l’intention d’éterniser le mensonge en eux pour le traitement spécial dont ils bénéficiaient nuit et jour de la part de l’État sénégalais, aux frais du contribuable pour qui on rend justice, à moins qu’une décision de justice ayant examiné chaque détail de leur situation au moment des faits ne puisse finalement les confiner à la détention pour crime, dissimulation et maquillage de crime commis avec non assistance à personne en danger et tentative d’inhumation nuitamment du corps du disparu sur l’île de Gorée où ce rite n’est pas en application. L’État, à travers le ministère de l’Intérieur, est l’accusé idéal qui ne saurait se démettre de ce mensonge d’État sans qu’il n’y soit poussé à bout. Mais vultus est index animi (L’expression du visage que l’on fera dira tout de même la vérité, même si on a beau mentir en paroles sans être une seule fois inquiété). Hélas ! Que voulez-vous ? Il y a tellement eu de crimes irrésolus qu’il y a autant de délits punissables que de lois lésées. Où est la justice divine à ce moment là ? Mais alors que deviendrait l’Histoire ? Une application extrême et abstraite de la règle de droit peut bien sûr engendrer une injustice extrême, si le témoin de fait est aussi l’accusé unique et institutionnel. Ce qui rend son témoignage également nul : Testis unus, testis nullus. 

Quatrième et dernière vérité : qu’il en soit ainsi. Last but not least ! L’oncle est parti, on l’a pleuré, on ne le reverra plus. Oui, une décantation s’impose ici pour dissocier les conclusions auxquelles nous sommes parvenues. Car en aucun cas, l’amnistie ne peut restaurer à l’État sénégalais, s’il persiste dans son mensonge flagrant (thèse du suicide=vérité forcée, préfabriquée), ses couleurs pourpres dans ce qui est essentiellement son propre crime d’État emballé dans le tissu du mensonge d’État qu’on fait enrober dans la vérité de la mort (mora certa, hora incerta) professée Raison d’État. S’il y a vice de forme, il va de soi que la règle de la coutume devient nécessaire d’application, à savoir la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Or il ne faut pas apporter le trouble là où règne la quiétude. Mais la coutume est-elle une variété reconnue du droit par les mœurs qui l’établissent loi du talion ? Elle tient lieu de loi là où la loi fait défaut.

Voici pourquoi Omar gêne énormément – encore aujourd’hui – le pouvoir et les élites contemporaines en général. «Ayant la compétence nécessaire et les possibilités matérielles d’«avoir sa place au soleil» (comme le lui dit Senghor lorsqu’il fut arrêté et qu’il faisait l’objet d’une misérable tentative de corruption !), Omar avait tout refusé et renié en vrac, et effectivement rompu avec la vie, les modes de pensée et de lutte propres aux élites. Et ce, sans possibilité consciente, de sa part, de démagogie ou d’opportunisme, comme c’est généralement le cas, parce qu’il était subversif moins par option abstraite en faveur de telle idéologie plutôt que de telle autre que par adhésion subjective, par inclination personnelle. Et même ses ennemis sont contraints de lui reconnaître une intégrité révolutionnaire sans tache bien qu’insuffisante, comme il le reconnaîtra lui-même peu avant son assassinat. Bien qu’il eût très peu vécu au Sénégal, ses qualités personnelles, outre la réputation qu’avaient acquise les quatre camarades dont il avait entrepris l’évasion, suffirent amplement à la jeunesse urbaine révolutionnaire pour qu’elle s’y reconnût et que cela provoquât les événements qui suivirent le 11 mai. Alors que le groupe, n’ayant pas entrepris de «travail politique» proprement dit, s’était retrouvé isolé et sans soutien, le tapage fait par le régime autour des deux procès (celui des «incendiaires» et celui relatif à la tentative d’évasion), et des lourdes condamnations pour l’exemple, allait aboutir à des effets opposés à ceux qu’il en attendait : la formidable émeute spontanée, en plein centre de Dakar, à midi, heure de pointe, le lundi 14 mai 1973, où les forces de police, de gendarmerie et les militaires durent encaisser les manifestations violentes de la fureur populaire ; et la continuation des troubles sous forme de multiples attaques de commandos, de grèves scolaires actives et autres manifestations dans tout le pays pendant les deux semaines qui suivirent. Ces actes subversifs, spontanés, de masse, sous le contrôle d’aucune organisation, sous la libre impulsion et l’initiative des émeutiers, constituèrent non seulement un démenti populaire indéniable à la thèse du suicide, maladroitement défendue par le régime, mais également la manifestation de la sympathie et de l’approbation active des masses pour le radicalisme dont firent preuve les camarades d’Omar».

 

En conclusion, «voilà qui, on le comprendra aisément, ne devait pas particulièrement plaire à ces messieurs de l’opposition. Ils furent bien obligés de crier au crime pour «rester liés aux masses» au moment où celles-ci se séparaient d’eux, et de manifester un hypocrite soutien au camarade, mais de telle manière qu’il ne restât plus rien du caractère anti-élitiste de ce qu’ils avaient fait. En plaquant leurs schémas, dont ils savaient pertinemment ce qu’Omar et ses camarades pensaient, sur le cadavre du défunt et en renvoyant cette image falsifiée à la jeunesse en révolte, ils cherchaient à dénaturer la mémoire d’Omar et le caractère de l’expérience du groupe, pour d’abord sauver leur propre face piteuse et ensuite récupérer idéologiquement ce qui leur avait échappé dans la pratique. Toute la racaille intellectuelle, qui connaissait d’autant mieux Omar qu’elle avait eu à en subir les foudres, depuis ce salaud de Fougeyrollas, qui n’a pas dû oublier comment Omar l’avait mouché lors d’une conférence publique, jusqu’à Clavel, qui dit lui-même avoir été injurié par Omar, en passant par Jean-Pierre Ndiaye, raton bureaucrate qui parviendra peut-être, à force de bassesse et de bouffonnerie, à prendre la place de son compère Barra Diouf à la direction du Soleil, tous le présentèrent, à leur image, comme appartenant à l’élite : «Omar Diop Blondin, jeune normalien, n’est plus», titrait un tract de l’Aesef, qui faisait de lui l’exemple achevé de la version sénégalaise du «rouge et expert» chinois, en le présentant comme «cadre politiquement conscient et techniquement compétent»…/…

…/… Les sommités académiques et autres respectabilités, dont les noms figurent sur les«listes-toutes-faites-prêtes-à-être-tamponnées-au-bas-de-n’importe-quelle-pétition», élevaient des «protestations énergiques» contre cet acte «anti-humanitaire», affectant un «ancien-élève-de-l’école-normale-supérieure», etc. Omar, qui s’était débarrassé de cette «seconde peau»  qu’on lui avait faite, aurait certainement bien ricané de toutes ces conneries. Nous nous serions certainement contentés de faire de même si ces qualificatifs dont il était accablé n’avaient pour but d’apporter une caution politique à la rivalité égoïste qui oppose les élites de gauche au pouvoir de Senghor». (In Lettre de Dakar, page 6, Éditions champ Libre, Paris, 1978, Libre Association d’individus libres, Livre-Mémoire et réponse à la thèse officielle sur la mort d’Omar Blondin Diop à Gorée le 11 mai 1973).

 In fine, Verba volant, scripta manent ! Les mots s’envolent, les écrits restent. Sur Facebook du moins, et le net en général. Nous ne sommes pas neutres pour autant à cette dernière ligne. Nous n’avons pris que le parti de nous-mêmes, dans la liberté d’agir en solo, dans la mesure où nous ne faisons que présenter un jugement synthétique sur notre époque au centre duquel se trouve normalement placée la critique (prescrite arme redoutable) de la fausse conscience (élitisme bourgeois et néo bourgeois de la petite bourgeoisie sénégalaise) de ceux-là qui partagent encore sans pudeur ni honte – honte à eux – la version officielle donnée par l’État sénégalais et ses sbires et sous fifres en incandescence devant le jugement de l’Histoire.

En dernière instance, nous retiendrons que la philosophie n’est pas l’amour de la sagesse, mais c’est elle, la sagesse, qui est amour de la philosophie, donc de l’activité spirituelle intense vécue praxis individuelle par un ascète habile et aisé dans sa thébaïde intellectuelle avec la solidité de sa solitude de détenu rendu stoïque et imperturbable par les coups de l’adversité qu’il a supportés d’une âme égale, en sage soufi serein face aux circonstances extérieures, et ce, quelques soient les situations présentées à lui sous quelque forme que ce soit et de n’importe quelle provenance. Un révolutionnaire ne démissionne jamais, a fortiori de sa vie personnellement (Che Ernesto Guevara).

Mot de la fin : «Quoi qu’il en soit, Nous prédisons, nous promettons des lendemains tumultueux à ce régime et à ses successeurs. Comme le disait le tonton du Père de la nation, «les Sénégalais sont turbulents». Le prolétariat français lui en a fait tellement voir qu’il a passé l’arme à (la) gauche, mais son fiston n’a encore rien vu».

Dakar, Vendredi 27 octobre 2017 [carte postale d’outre tombe]

Khaly Moustapha LEYE

cradif.bgom@hotmail.com,

 

 

 

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