Ce qui devait être, aux yeux de nombreux Sénégalais et d’une partie de l’Afrique, la plus grande victoire politique du siècle s’est mué en une profonde désillusion. C’est le constat dressé par Thierno Alassane Sall, président de la République des valeurs (RDV), au terme de deux années de pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye.
Selon l’ancien ministre, l’accession au pouvoir du nouveau régime reposait sur des promesses fortes : éthique, transparence, fraternité, égalité des droits et engagement désintéressé au service de la nation. Autant de valeurs présentées comme les piliers d’un projet de rupture. Mais, affirme-t-il, la réalité du pouvoir aurait rapidement contredit ce discours.
Devant la presse, le député a accusé l’exécutif d’avoir mis en place une gouvernance confisquée par « un petit clan », incapable de s’accorder sur une direction claire pour le pays et davantage préoccupé par la conquête et la conservation du pouvoir que par les préoccupations des citoyens.
Thierno Alassane Sall évoque notamment une situation inédite dans l’histoire politique récente du Sénégal : une confrontation ouverte et durable entre les deux têtes de l’exécutif. Une crise qu’il juge exclusivement centrée sur des ambitions personnelles, notamment la question de l’exercice réel du pouvoir et la candidature à la présidentielle de 2029, au détriment des attentes sociales et économiques des populations.
Pour l’opposant, cette crise permanente fragilise la stabilité institutionnelle du pays, longtemps considérée comme un modèle dans la sous-région. Il regrette un débat politique dominé par des calculs électoralistes, loin des enjeux structurants pour l’avenir national.
Les conséquences économiques seraient déjà visibles, selon lui. Dégradations des notations, climat d’incertitude, frilosité des investisseurs : le pays serait « à l’arrêt ». Les secteurs du tourisme, des services et de l’investissement privé seraient particulièrement affectés par cette instabilité politique persistante.
Sur le plan social, Thierno Alassane Sall dénonce ce qu’il qualifie de brutalité de l’État envers ses propres agents. Il affirme que des centaines, voire des milliers de travailleurs ont été licenciés dans des entreprises et agences publiques, souvent sans procédures claires, pour être remplacés par des proches du régime.
Il pointe également des pratiques de recrutement qu’il juge contraires aux principes annoncés de transparence et d’égalité des chances : absence d’appels à candidatures, nominations partisanes, retour de militants proches du pouvoir au détriment de compétences sénégalaises reconnues. Plusieurs structures publiques sont citées comme exemples de ce qu’il décrit comme un népotisme institutionnalisé.
Pour le leader du RDV, ces dérives constituent une trahison des engagements initiaux et fragilisent l’État de droit. « Sans le respect du droit, le citoyen demeure toujours plus faible que le pouvoir », a-t-il conclu.
