Le Plan de redressement économique et social (PRES) du gouvernement, présenté comme une mesure de correction du déséquilibre budgétaire, est en réalité un plan de redressement des comptes publics centré sur la mobilisation coercitive de ressources dans un contexte économique déjà fragilisé. C’est du moins l’avis du leader du parti Dundu, Madana Kane qui propose à la place un programme accéléré de redressement de l’économie (PARE). 

Le Plan de redressement économique et social présenté par le gouvernement promettait un redressement rapide des comptes publics avec une reprise endogène et souverainiste, en rupture avec les schémas précédents fortement dépendants des bailleurs étrangers. Cependant le PRES ne constitue pas un véritable plan de relance économique, mais plutôt un plan de redressement des comptes publics, centré sur la mobilisation coercitive de ressources dans un contexte économique déjà fragilisé. 

Tel est l’avis de Madana Kane. Selon le leader du parti Dundu, le PRES pèse sur les citoyens sans générer de gains budgétaires suffisants. Taxes, hausses de charges et mesures contraignantes étouffent le pouvoir d’achat et la création d’emplois. Face à cette situation, Madana Kane brandit son alternative : le Programme d’Action pour la Relance Économique (PARÉ), un plan pragmatique centré sur l’emploi, la production et la consommation pour redynamiser l’économie sénégalaise. Les limites du PRES 

Dans un premier temps, le leader de Dundu soulève les limites du plan de redressement économique et social. Selon Madana Kane, le PRÈS repose sur un principe classique «taxer d’abord, financer ensuite», imposant aux ménages et aux entreprises des efforts d’ajustement immédiats. Les mesures de taxation, y compris sur le mobile, le tabac et certains services, ainsi que les hausses de charges, affectent directement le pouvoir d’achat des Sénégalais. Pour lui, cette approche manque d’équilibre et de vision sociale. De plus, si le PRES vise la stabilisation des comptes publics, les projections budgétaires révèlent que les économies et recettes supplémentaires générées sont limitées. En réalité, l’effet attendu sur le déficit reste faible face à la morosité économique et à la contraction de secteurs clés tels que l’agriculture, la construction et le commerce. A ce titre, il donne l’exemple du secteur agricole, où la production a reculé de 6,3% en 2024, malgré des performances de grandes entreprises. Mais aussi le secteur secondaire, et particulièrement le BTP qui a vu sa contribution à la croissance tomber de 17,4% à seulement 0,4%. L’une des critiques majeures de Madana Kane concerne l’absence de mesures directes pour soutenir l’emploi et le revenu des citoyens. A l’en croire, le PRES ne prévoit ni allocation chômage ni revenu minimum de subsistance, laissant les populations vulnérables exposées aux effets des hausses fiscales et à la diminution du pouvoir d’achat.

 LE PARE, UNE ALTERNATIVE PRAGMATIQUE

 Face à ces limites, le leader de Dundu propose le PARÉ, basé sur une logique inversée : «donner à l’économie pour qu’elle vous le rende». Ce programme repose sur deux chantiers principaux à savoir la relance de l’économie et le redressement des comptes publics. Il mobilise 8 leviers dont 3 pour la relance (emploi, production, consommation) et 5 pour le redressement (gestion de la dette, recalibrage du rôle de l’État central, rationalisation du secteur parapublic, ingénierie financière et diplomatie financière internationale). 

Le PARÉ s’articule autour de 19 axes d’intervention et 38 mesures concrètes. A savoir la création d’une caisse unique d’aide à la productivité et à l’emploi, réduction des charges patronales pour les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, soutien à la formalisation du secteur informel, impôt préférentiel pour les nouvelles entreprises de transformation et exportatrices, promotion de l’énergie et du contenu local, amélioration du financement bancaire pour les industriels, revalorisation du SMIC et mise en place d’un revenu de subsistance. 

UNE APPROCHE FINANCIERE INNOVANTE 

Contrairement au PRES, le PARÉ mise sur l’ingénierie financière et la diplomatie internationale pour mobiliser de nouvelles ressources, plutôt que d’alourdir la fiscalité interne. Madana Kane insiste sur la rationalisation du rôle de l’État pour investir dans ce qui est stratégique, garantir et réguler plutôt que financer systématiquement des projets pouvant être portés par le privé. 

La gestion de la dette, le recalibrage des dépenses et la réorganisation du secteur parapublic sont également au cœur de sa stratégie pour libérer des marges budgétaires et assurer une croissance durable. Parmi les 38 mesures proposées, figure la création d’une Caisse unique (CAPE) qui fusionnerait sept structures existantes (DER/FJ, ADEPME, FONGIP, etc.) pour créer un guichet unique d’aide aux entreprises. Avec comme objectif d’éliminer les doublons bureaucratiques et accélérer les financements. Un impôt sur les sociétés à 1% pendant 5 ans pour les nouvelles entreprises de transformation et d’exportation. Une mesure ultra-agressive destinée à attirer les investisseurs et relocaliser la production. 300 milliards FCFA sur 3 ans pour formaliser le secteur informel, qui représente 40% du PIB et 90% des créations d’emplois annuelles. La formalisation serait facilitée par des frais gratuits pendant trois ans. Des allègements de charges patronales ciblés sur les secteurs à forte intensité de main d’œuvre, pour encourager l’embauche. Le programme est complété par un Plan opérationnel de mise en œuvre (POME), qui détaille les chiffrages, les projections financières, les impacts économiques et budgétaires attendus, ainsi que la cartographie des structures parapubliques à rationaliser. 

Enfin, Madana Kane vise à concilier développement endogène et souveraineté économique avec une diplomatie financière proactive. Car pour lui, stabiliser les comptes publics ne se fait pas en sacrifiant les citoyens mais en stimulant l’économie réelle, en soutenant l’emploi et en renforçant la production nationale. 

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