La brouille entre le chef de l’État et le maire de Dakar est ancienne. Selon l’entourage de ce dernier, Macky Sall aurait pris ombrage des ambitions présidentielles prêtées de longue date à son éphémère allié. Depuis 2013, les collaborateurs de Khalifa Sall dénoncent en privé un conflit de basse intensité quiserait alimenté depuis le Palais de la République pour entraver son action à l’Hôtel de Ville. Dessoupçonsrégulièrement balayés par la garde rapprochée de Macky Sall, pour qui le chef de l’État n’a rien à craindre d’un rival virtuel – le socialiste n’a jamais confirmé explicitement son ambition présidentielle. Et dont la popularité «ne dépasse pas la région de Dakar», dixit un conseiller. À défaut d’officialiser une can- didature que ses principaux col- laborateurs considèrent comme acquise, Khalifa Sall a posé, de- puis 2014, des actes perçus par la présidence comme autant de déclarations de guerre. Cette an- née-là, la coalition Bby entend rafler la mise lors des élections locales. Mais à Dakar, principal objet de sa convoitise, Khalifa Sall refuse de jouer le jeu du Parti socialiste (Ps), auquel il appartient, et se lance dans la course à la tête d’une liste dissidente. Macky Sall a beau dépêcher contre lui son impétueuse Première ministre,Aminata «Mimi» Touré, son camp subit une cuisante défaite. Début 2016, les choses s’enveniment lorsque Khalifa Sall fait ouvertement campagne contre le référendum institutionnel lancé par Macky Sall, accusant ce dernier de n’avoir pasrespecté sa promesse de réduire de sept à cinq ans son premier mandat. Cette fois, l’issue est défavorable au maire de Dakar, puisque le “oui” l’emportera dans la capitale. «Ils peuvent toujours fouiner, ils ne trouveront rien d’anormal» Entre ces deux échéances, un audit a été lancé en juillet 2015 par l’Inspection générale d’État (Ige) afin d’évaluer la gestion administrative et financière de la capitale. «Directement placé sous l’autorité du président de la République, cet organe de contrôle ne dispose pas de cette prérogative, en raison de la libre administration des collectivités territoriales, inscrite dans la Constitution», affirme au- jourd’hui l’un des avocats de Khalifa Sall. La défense a d’ailleurs saisi la Chambre d’accusation de la Cour d’appel d’une requête en annulation. À l’époque, aucune objection n’est pourtant formulée par l’Hôtel de Ville, où l’on se contente d’ironiser sur les arrière-pensées de cette mission de vérification. «Ils peuvent toujours fouiner, ils ne trouveront rien d’anormal», confiait alors à JA un proche de Khalifa Sall. En mai 2016, une première version du rapport de l’Ige est transmise au maire et au préfet. Rien ne fuite sur son contenu ni sur lesrecommandationsformulées. Toutefois, outre diverses critiques (manquements dans l’organisation des services de la mairie, déséquilibre entre recettes et dé- penses du budget municipal, endettement jugé excessif…), les inspecteurs mettent le doigt sur une anomalie quisera à l’origine du «Khalifagate». La gestion de la «caisse d’avance» – en principe consacrée à diverses dépenses urgentes allant de l’aide aux populations démunies à l’organisation de ré- ceptions municipales – est entachée d’irrégularités manifestes. Pour justifier a posteriori les dé- caissements mensuels en liquide de 30 millions Cfa, la mairie de Dakar – qui considère cette ligne budgétaire, qui existe de longue date, comme des «fonds politiques» – a fourni desfactures fictives correspondant à des livraisons de riz et de mil qui n’ont jamais eu lieu. Or, selon l’Ige, aucune collectivité locale, pas même la capitale, n’est censée «disposer de fondsspéciaux, qu’ilssoient qualifiés de secrets ou de politiques». Jeuneafrique.com
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