Le Fds ne participera pas au dialogue politique

Déclaration du Fds

“Le dialogue politique du 28 mai prochain est parti pour être un cirque grotesque. Macky Sall  a cette propension sournoise de commettre ses forfaits et d’appeler les Sénégalais à un semblant de dialogue pour les valider. Depuis son arrivée au pouvoir, il a posé des actes qui confirment son dessein qu’il a exprimé d’ailleurs sans équivoque avec un cynisme révoltant : «Je veux réduire l’opposition à sa plus simple expression». Cette phrase que Macky Sall avait lâchée résume toute l’essence de sa politique «démocraticide» qu’il cherche à couvrir du voile du consensus à travers un simulacre de dialogue national.  Mais, comme le disait Abraham Lincoln : «On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». En vérité, Macky Sall ne peut plus tromper personne.

Lorsqu’en 2016 Macky avait appelé les partis politiques, la Société civile, les organisations de travailleurs et les autorités religieuses et coutumières au «dialogue national», les Sénégalais avaient répondu en espérant que cette réunion allait être une opportunité pour trouver un équilibre supérieur dans l’intérêt de la nation. Mais pour Macky Sall, c’était plutôt un subterfuge pour draper – sous le couvert du consensus – le passage en force de la nouvelle constitution du 20 mars qui prolonge son mandat et l’Acte 3 de la décentralisation décidé sans consultation.

Fds a la ferme conviction que la démocratie commence par le dialogue. Mais un dialogue ne peut être sincère et constructif  que lorsque l’ensemble des parties prenantes acceptent de transcender leurs petits calculs partisans pour bâtir des consensus forts et durables sur toutes les questions d’intérêt national. Mais l’expérience nous apprend que, quels que soient les résultats ou conclusions issus de ce dialogue, Macky Sall aura toujours le dernier mot pour valider les points qui arrangent sa politique de corruption. C’est à ce niveau que  nous avons un gros problème. Macky Sall n’a jamais tenu ses promesses et est incapable de respecter ses engagements. Depuis 7 ans, il a gouverné au mépris du consensus et de la parole donnée. Il avait promis de réduire son premier mandat à cinq ans, mais il s’est caché derrière un avis du Conseil constitutionnel pour reprendre sa parole donnée. Sa signature apposée sur la Charte de bonne gouvernance des Assises nationales n’a aucune valeur. L’homme s’est renié entre temps. Les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) dorment toujours dans les tiroirs. De la même manière, les conclusions de la Commission nationale de réforme foncière (Cnrf) tout comme celles du Comité de concertation sur la modernisation de la justice sont royalement ignorées.

Au moment où tout le monde décrit ses propensions autoritaires, Macky Sall supprime le poste de Premier ministre, dévalorise l’Assemblée nationale sans concertation et concentre davantage les pouvoirs entre ses mains.

À l’image de la première édition du Dialogue national de mai 2016, celle prévue ce 28 mai  est partie pour être une  autre supercherie camouflée afin de donner un semblant de légitimité à la gouvernance désavouée de Macky Sall et cacher, sous le couvert du consensus, sa légitimé entamée depuis sa réélection contestée par ses quatre rivaux qui avaient rejeté les résultats officiels du scrutin.  Autrement dit, le format et le contenu du dialogue prochain ont tout l’air d’une stratégie savamment planifiée par les tenants du pouvoir pour donner un dernier coup de canif mortel à l’opposition et permettre à Macky Sall de renforcer son ordre autoritaire. Pour toutes ces raisons, Fds ne participera à la rencontre du 28 mai prochain que lorsque ces quatre exigences préalables seront satisfaites.

Premièrement, le dialogue ne doit pas être un conclave entre les élites. Il doit prendre la forme d’un Espace d’Interpellation Démocratique pour permettre aux citoyens de poser directement des questions à leurs mandataires nationaux, le Président de la République au premier chef. En d’autres termes, le format du dialogue doit être le début d’une réflexion sur une nouvelle forme de démocratie qui procède non seulement d’un questionnement de l’état de la participation citoyenne et du pouvoir citoyen, mais surtout d’une évaluation de la place réelle qu’y occupent les représentants du peuple à qui les citoyens délèguent leur pouvoir de définition et d’organisation de la chose publique.

Deuxièmement, il ne peut y avoir de dialogue national sérieux sans la révision du procès Karim Wade et la libération de Khalifa Sall. Le dialogue doit être une opportunité pour sortir du cercle vicieux des impasses politiques et imprimer un nouveau départ vers un Sénégal plus juste et équitable avec des institutions fortes et une gouvernance centrée sur l’émancipation collective. Mais il ne peut y avoir de nouveau départ si certains acteurs importants de la scène politique n’ont pas voix au chapitre. Le dialogue doit donc être inclusif, alors qu’il est, dans ses termes actuels, exclusif.

Troisièmement, les thèmes à discuter ne peuvent pas se réduire à l’évaluation de la présidentielle de février dernier, le code électoral ou encore la date d’organisation des élections locales.Les Sénégalais ne veulent pas se contenter de voter. Ils exigent plus d’influence, une démocratie plus approfondie. Ils attendent de la vie politique qu’elle défende le bien public.

Quatrièmement, il faut un engagement solennel de Macky Sall sur l’application des conclusions du dialogue politique. Mahmouth Saleh, son camarade de parti et Directeur de cabinet politique n’est pas une voix autorisée. Personne ne peut parler à sa place sur cette question. C’est à lui seul de s’engager sur l’honneur devant le peuple et devant l’histoire qu’il appliquera les conclusions et recommandations du dialogue politique.

Sans ces préalables, Fds ne participera pas au dialogue national qui va se transformer en un énième cirque grotesque. Fds demande vivement et solennellement à l’opposition et à la coalition Idy 2019 de sursoir leur participation au dialogue national. L’heure est à la mise en place d’une plateforme politique large pour organiser la résistance populaire afin de défendre le projet démocratique.”

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