Remaniement : Problème d’équipe ou problème de coach ?

Par El Hassane SALL

 

Ces temps-ci, l’idée d’un éventuel remaniement ministériel est de plus en plus agitée. Selon la presse, le Président Macky Sall cogite ferme sur la mise en place d’un attelage gouvernemental capable de répondre aux nombreuses attentes des populations.

Selon Walf Quotidien qui file l’info, le casting pourrait être annoncé pour bientôt. Car Macky Sall, qui a battu en retraite dans sa seconde résidence de Popenguine, profiterait de sa villégiature pour réfléchir sur un réaménagement technique du gouvernement.

Un gouvernement de plus, sommes-nous tentés de dire. Parce que l’on ne peut s’empêcher de nous demander si ce prochain gouvernement servira à grand- chose aux populations. Il se susurre même que des tenants de l’opposition et de la société civile sont pressentis. Une manière pour le maître des lieux de les inviter au banquet de la République pour prendre part au festin, rien de plus. Car le constat est que, malgré les gouvernements qui se sont succédé sous l’ère Macky Sall, il n’y a eu, à ce jour, aucune rupture, aucun changement, à part peut-être l’arrivée de nouvelles têtes.

Du changement ? Pour les populations, rien n’a changé dans leur quotidien. De sorte qu’avec ou sans changement de gouvernement, rien ne change du côté du gorgorlu. C’est toujours des gouvernements qui sont annoncés en grande pompe, un peuple tenu en haleine – de moins en moins, DQ oblige – pendant des jours, avant que la montagne n’accouche d’une souris. Ce fut le cas d’abord avec Abdoul Mbaye, qui fut le premier Premier ministre sous le magistère de Macky Sall. Sa nomination, suivie de la mise en place d’une équipe restreinte de 25 ministres, avait soulevé un fol élan d’espoir chez les populations. Mais avant que le capitaine n’ait pu donner la pleine mesure de son talent, il a été viré par le coach.

Puis ce fut au tour de Mimi Touré d’être promue avant d’être limogée après sa cuisante défaite à Grand-Yoff, face à Khalifa Sall lors des Locales de 2014. À sa suite, Boun Abdallah Dionne a étrenné le maillot de capitaine de l’équipe Sunugal, avant que le poste de Pm ne soit purement et simplement supprimé, pour cause de fast-track. Depuis lors, c’est le coach qui dirige l’équipe à coup d’improvisations et de tâtonnements.

Aujourd’hui qu’il croule sous le poids des difficultés, d’aucuns pensent même qu’il devrait faire revenir le poste de Pm. Mais, à y regarder de près, et si le véritable problème du Sénégal, c’était son coach ? Un coach qui a tendance à tout accaparer et qui, non seulement ne compte pas changer de système de jeu, mais aussi, ne lâche pas la bride à ses joueurs.

D’ailleurs, dans le système présidentiel actuel, quelle est la marge de manœuvre des ministres ? Dans sa volonté de vouloir tout accaparer, il est très difficile, voire impossible de faire de bons résultats, car le gouvernement est avant tout un organe collégial et solidaire. Et un groupe performant, c’est avant tout une addition judicieuse de talents, mais quand il n’y a qu’un seul, qui «instruit» tout le reste, bonjour les dégâts ! Si en plus les 3/4 des membres du gouvernement sont des parents et amis, c’est très normal que ce pays soit dans la galère.

Pas de méritocratie, alors que si le président veut vraiment faire des résultats, il doit s’entourer de compétences. On peut mettre n’importe qui comme ministre, on ne verra pas de différence, car les hommes de valeur, ignorés, voire méprisés, continueront de partir à l’étranger où ils construiront une vie digne et n’auront pas envie de revenir dans ce pays qui privilégie le clientélisme au détriment du mérite.

Pour dire que, tant que le patriotisme économique, le peuple d’abord, une vraie justice, le don de soi, la probité intellectuelle et morale, et l’exemplarité ne seront pas mis au-devant, le coach changera pour…changer, autant de gouvernements qu’il voudra, mais rien ne…changera. Et si le peuple, qui est le véritable propriétaire du club Sunugal, las d’attendre, aux échéances à venir, se décidait de virer et l’entraîneur, et l’équipe et le système ? Parce qu’en définitive, le maître du…jeu, c’est le peuple !!!

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