Les Guinéens élisent ce dimanche 28 décembre leur président, quatre ans après la prise du pouvoir par des militaires dirigés par le général Mamadi Doumbouya, grand favori d’un scrutin auquel il avait promis de ne pas se présenter et dont ont été écartés les principaux opposants.

Les bureaux de vote ont ouvert, ce dimanche 28 décembre 2025, en Guinée pour l’élection présidentielle, quatre ans après le coup d’Etat de septembre 2021 qui a renversé le président Alpha Condé, alors au pouvoir depuis 2010.

L’opposition a appelé à boycotter ce scrutin. Alpha Condé ainsi que les ex-Premiers ministres Sidya Touré et Dalein Diallo, tous trois en exil, n’ont pas été autorisés à se présenter. Dalein Diallo a dénoncé « une mascarade électorale » visant à légitimer « la confiscation » du pouvoir. L’ONU a déploré vendredi une campagne électorale entachée par « des intimidations » de membres de Emprisonnements, disparitions et enlèvements

Les militaires avaient initialement promis de rendre le pouvoir aux civils avant fin 2024. Une chape de plomb s’est abattue sur le pays où se multiplient emprisonnements, suspensions de partis, disparitions et enlèvements des voix dissidentes. Depuis leur prise de pouvoir, « la Guinée est retournée à ce qu’elle a connu essentiellement depuis l’indépendance 1958, des régimes autoritaires, soit civils soit militaires », souligne Gilles Yabi, directeur de Wathi, un groupe de réflexion d’Afrique de l’Ouest.

Un total de 6,8 millions d’électeurs doivent voter dimanche entre 7 heures et 18 heures pour choisir entre neuf prétendants dont le général Doumbouya, 41 ans, qui semble assuré de gagner dès le premier tour. Ses rivaux sont pour la plupart peu connus du grand public.

Les résultats provisoires sont attendus « dans les 48 heures » après le scrutin, selon la Direction générale des élections (DGE).

Les forces de sécurité ont dit avoir « neutralisé » tôt samedi dans la banlieue de Conakry des membres d’un groupe armé ayant « des intentions subversives menaçant la sécurité nationale ».

Le scrutin clôt, avec les élections en Centrafrique organisées le même jour, une année riche en élections sur le continent africain, marquée par une montée de l’autoritarisme et de la répression des oppositions et les victoires de nombreux dirigeants déjà en place (Cameroun, Côte d’Ivoire, Tanzanie notamment) à l’issue de votes dont les principaux opposants ont été exclus.

Nouvelle constitution

En l’absence des principaux opposants, la présidentielle vise avant tout à « confirmer le pouvoir du général Doumbouya », estime Gilles Yabi. Un des principaux enjeux du scrutin sera la participation, explique l’analyste politique Kabinet Fofana, directeur du cabinet Les Sondeurs, basé à Conakry.

Fin septembre, les Guinéens ont approuvé une nouvelle Constitution lors d’un référendum que l’opposition avait appelé à boycotter mais où la participation s’est officiellement élevée à 91%. Cette nouvelle Constitution, qui autorise les membres de la junte à se présenter aux élections, a ouvert la voie à une candidature de Mamadi Doumbouya. Elle a également porté de cinq à sept ans la durée du mandat présidentiel, renouvelable une fois.

Contrairement à ses voisins sahéliens du Mali, du Burkina Faso ou du Niger, également des régimes militaires issus de coups d’Etat, Mamadi Doumbouya est resté en bons termes avec la France, ancienne puissance coloniale, et tous les partenaires internationaux.

Dans une vidéo sur les réseaux sociaux,  Mamadi Doumbouya a fait valoir le début de l’exploitation, en novembre, du gisement fer de Simandou (sud-est), l’un des plus importants au monde et qui devrait générer d’importants revenus .

La transition a été marquée par des travaux d’infrastructures économiques et des Guinéens en sont séduits. C’est un élément important mis en avant par Doumbouya (mais) cela ne dit rien de ce que sera la gouvernance (après le scrutin) . La Guinée est riche en minerais mais plus de la moitié de ses habitants (52%) vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les chiffres de la Banque mondiale pour 2024.

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