S’il a un parcours politique d’exception qui l’a conduit à être en pôle position pour briguer de nouveau le strapontin de président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse n’en est pas moins un homme dont l’ambivalence dans la parole et dans les actions a créé plus d’un hiatus. Pour le meilleur et pour le pire.
Entre actes et postures excessives, assorties d’une irrévérence sporadique dans ses prises de parole publiques, le président de l’Assemblée nationale a par moment étonné et détonné dans le landerneau politique sénégalais. Pouvant aller d’un extrême à l’autre – après avoir démarré au quart de tour – certains de ses agissements contrastent, de manière ô combien paradoxale, avec la carrure d’un homme qui sait se montrer si structuré, si cultivé et si avenant qu’on lui donnerait bien volontiers le bon Dieu sans confession. En période de manifestations préélectorales contre le régime en décadence de Me Abdoulaye Wade, l’on avait vu le chef de file de l’Alliance des forces de progrès (Afp) rejoindre le front, “arme” à la main. Muni d’un caillou, regard d’airain et visage renfrogné au possible, il était monté au créneau ce fameux 23 juin 2011, rejoignant la horde de contestataires décidés à bouter le pape du Sopi hors du Palais. Au-delà de ce geste qu’on pourrait juger hors de propos pour un homme d’Etat, Moustapha Niasse est au cœur d’autres coups d’éclats. Il s’était illustré en s’empoignant avec son camarade de parti d’alors, Djibo Kâ, au cours d’une réunion du bureau politique du Parti socialiste lors de laquelle les esprits s’étaient échauffés plus que de raison. Comme en témoigne le présidentAbdou Diouf dans ses mémoires. «Je dois vous dire qu’en dehors de l’opposition Diouf-Wade, une forte rivalité personnelle opposait Djibo Kâ et Niasse. Tout le monde se souvenait de l’histoire du coup de poing que Niasse avait administré à Djibo (…)» laissaitil entendre. Last but not least, Moustapha Niasse n’avait pas manqué d’indiquer à ses cama- rades de parti, inscrits dans une dynamique qu’il jugeait sédi- tieuse, que «aucun djinn, aucun imbécile ou salopard ne peut rompre ce qui (le lie) à Macky Sall». Par la suite, il avait tout aussi inopinément asséné un cinglant «Ma téy» à ceux qui pourraient avoir l’heur de dé- fendre la décision du chef de l’Etat allant dans le sens de fi- nalement exercer un mandat de sept ans au lieu des cinq. Sa dernière passe d’armes re- monte à avant-hier, à l’Assem- blée nationale où il était aux prises avec son jeune collègue Barthélémy Dias, maire de Mer- moz- Sacré Cœur. Après avoir évacué l’objet du différend avec un Barth’ fautif de ne vouloir se conforter au règlement inté- rieur, Niasse, visiblement “en verve”, a laissé entendre à l’as- sistance amusée : «kou fi thieupi thieupi, fii la mey fek». A qui le tour ?
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